Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?"
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Sujet: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Dim 8 Juin - 16:56
Angel
FEAT. David Boreanaz
NOMunknown; PRÉNOM Liam; DATE DE NAISSANCE 13 Décembre 1727; LIEU DE NAISSANCE Galway ; ORIGINES Irlandais ; PROFESSION Aucune ; STATUT CIVIL en couple ; ORIENTATION SEXUELLE Hétérosexuel ; VOS GOUTS J’aime Buffy, et j’aime le Bien, c’est tout ce qu’il y a à savoir… ; VOTRE CAMP Le Bien ; RACE Vampire ; GROUPE Vampire;
I. LA RÉFLEXION SUR SON PROPRE REFLET
Je ne me sens pas digne de la vie que je mène aujourd’hui. Être aimée d’une femme extraordinaire comme Buffy, être accepté par ses amis… Je ne le mérite pas. Qu’importe ce que les gens voient en moi, je sens encore le sang des innocents que j’ai massacrés, leurs cris emplissent mes souvenirs, le goût du sang dans ma bouche m’écœure… Je porte le poids d’un monde martyr, victime de mon ivresse de jeune homme. Alors aujourd’hui, je change, en tout cas je cherche à changer. Protéger ceux qui comptent pour moi, ceux pour qui je compte, épargner des vies, prévenir le danger. Éradiquer le Mal comme pour m’exorciser un peu. Peut être Dieu m’acceptera-t-il un jour dans sa demeure ? Ou bien le Mal est-il si grand en moi que ma vie ne sera qu’une éternité passée à traquer les Ténèbres ?
Buffy m’a fait faire un pas en avant vers la lumière. Elle m’a fait voir et ressentir des choses que je n’aurais jamais soupçonné connaître. Elle m’a rendu plus humain que jamais je n’aurais cru pouvoir l’être…
II. LES QUESTIONS DES OBSERVATEURS
AVEZ-VOUS UNE MAITRISE SPÉCIALE DANS LES SPORTS DE COMBAT ?
Je suis l’Angelus, je sais me servir de mes poings, je sais briser un crâne à mains nues, je sais me battre à l’épée et manier une dague, je peux boire votre sang, je sais donner la mort et je sais faire durer la souffrance…
QUE PENSEZ-VOUS DU MONDE OCCULTE ?
Je plains tous les pauvres hères qui franchissent les portes du royaume des Ombres. Ils deviennent esclaves de leur soif, esclave de maîtres autoproclamés, ils perdent leur âme et ne sont plus que haine et plaisir sadique… Je connais l’Enfer pour l’avoir côtoyé, je connais les Démons et les Vampires, je sais quels monstres rôdent dans l’Ombre et je les crains autant que je les hais.
VOTRE PREMIÈRE RÉACTION DEVANT UN VAMPIRE ?
Lorsqu’un vampire se présente à moi, c’est soit pour me tuer, soit pour me parler. S’il est agressif, alors je le maîtrise et je l’exécute, libérant son âme pour qu’elle joigne un autre monde. S’il est là pour autre chose, je l’écoute, sans vraiment m’intéresser à lui. Ensuite, je le laisse repartir, les maîtres n’aiment pas voir que les toutous ne reviennent pas les voir…
UNE MORT RÉCENTE DANS VOTRE ENTOURAGE ?
Ahah… La mienne. Il y a quelques semaines, je vous aurais arraché les trippes pour le plaisir de vous voir souffrir. Je n’avais plus d’âme… En soi, j’étais déjà un peu mort… Mais Buffy… Buffy est venue me trouver dans mon manoir, nous nous sommes battus, de toutes nos forces. Et elle a gagné. Je me rappelle que juste avant de sombrer dans le royaume infernal, un souffle de vie s’est immiscé en moi, je retrouvais mon âme au moment de partir. Et comme pour la sceller en moi, elle m’a embrassé, apposant le sceau de son amour sur mes lèvres…
pseudo Sam; votre âge 22 ans mes enfants ! ; fréquence sur le forum au moins une fois par jour ; vos impressions Gros potentiel, passion, reste à savoir si l’activité suivra… ; une suggestion à faire ? Mon adresse mail vous est ouverte si vous avez besoin d'une image traficoté où de vérifications ! ; crédits Google, Tumblr ; un dernier commentaire Let’s save the World again ! ; code du règlement Validé par Buffy ;
à travers les lignes, ton histoire
Chapitre Premier : Prelude to Destruction
Ma vie a commencé en 1753... Enfin en 1727 si on compte ma date de naissance…
Mon nom à l’époque se résumait alors à Liam O'Kelly* et j’écoulais des jours inutiles dans la grande ville de Galway, en Irlande de l’ouest. Mon père était un homme froid et j’étais un jeune homme idiot et débauché. Mes journées se résumaient à écumer les auberges du coin à la recherche de jolies dames à ramener dans ma chambre. Ca et boire et me remplir la panse. Mon père me disputait souvent d’ailleurs, à cause de cela. Depuis que j’avais atteint l’adolescence, je quittais les sentiers battus de la bonne éducation et de la rigueur religieuse pour m’aventurer dans le milieu du stupre et du plaisir. Lorsque j’étais dehors, rien ne semblait m’arrêter. Les fills étaient belles, j’étais beau. Je leur plaisais et il suffisait souvent de peu de choses pour conclure. Quelques pièces à jeter aux tenanciers pour régler les repas de ces dames complétaient en général une journée bien menée. Et quand je ne sortais pas, je lisais, dans ma chambre. Mon père avait tenu à ma bonne éducation et la lecture et l’écriture, ainsi que le calcul étaient des bases inculquées dès l’enfance que j’avais bien assimilées. Et après tout, un homme qui a l’air bête devant ces dames ne trouvera personne à qui plaire…
Je me rappelle encore de ce qui m’avait poussé dehors, ce jour maudit de 1753.
Spoiler:
Mon père et moi avions eu une dispute particulièrement violente, la conclusion d’une succession d’accrocs qui étaient demeurés vains. Ce jour-là, père m’avait mis face à ma pitoyable situation : je ne travaillais pas, je n’étudiais pas plus, et je dilapidais sa maigre fortune en « faisant le coq » auprès des femmes. En substance : ma vie n’était rien qu’un ramassis de superficialités, aucune famille ne voudrait de moi comme beau-fils et personne n’accepterait un garçon comme moi dans quelque emploi que ce soit. Après quelques répliques défiant le Très-Haut de ma part, il avait frappé du poing sur la table et m’avait regardé droit dans les yeux. Il m’ordonna d’aller me confesser, de rembourser mes dettes et surtout de cesser cette vie de coureurs de jupons, sans quoi il me coupait les vivres sur-le-champ. Ce à quoi je lui avais répondu qu’il pouvait toujours rêver. Excédé par son comportement et ses ordres, sa mentalité de bon chrétien et sa voix stridente, j’étais sorti oublier cette dispute dans l’air frais du soir et autour d’une table de l’une des auberges les plus réputées de la ville.
Peu enclin à charmer des dames ce soir-là, je sirotais une bière brune en songeant sérieusement à ce que père m’avait dit. Ces reproches et ses ordres tournaient dans mon esprit. Me confesser ? Me ranger ? Qui était cet homme pour me dicter ma conduite ? Et où était Dieu pour me dire ce que je devais faire ? Mon esprit encore révolté refusait toute autorité et ne supportait pas de se sentir lâché par son propre père.
Je cogitais toujours, tant et si bien que je ne vis pas la jeune femme, vêtue d’une magnifique robe bleue ciel en soie, m’observer depuis sa table. Ce ne fut qu’en sortant de l’auberge qu’elle m’aborda. Ses cheveux retombaient en bouclettes parfaitement disposées sur sa tête, caressant parfois ses épaules nues et son teint poudré mettait en reliefs la mouche sur sa pommette et ses lèvres qui appelaient au baiser. A ce moment, je ne flairais pas le danger. Je ne le flairai jamais, d’ailleurs… Sa main attrapa mon avant-bras et son sourire illumina ma soirée. Elle était belle.
- Vous semblez être dans un mauvais jour, mon cher. Que s’est-il passé pour que votre minois prenne ce rictus de tristesse ? - Oh, rien… Mon père a décidé de me dicter ma vie et de me faire prendre mes responsabilités, avouai-je finalement. - Ah ! Les parents, tous les mêmes ! Heureusement qu’ils nous quittent un jour, sinon nous n’en sortirions jamais !
Nous avions fait quelques pas ensemble, vers le centre de la ville. Galway était déjà un haut-lieu de commerce, son port déversait chaque jour quantités de marchandises et de voyageurs venus de tous horizons, la vie y était prospère même si les mendiants y étaient légion. Comme dans toutes les villes…
- Je m’appelle Darla, susurra-t-elle à mon oreille. - Liam, répondis-je sur le même ton. - Votre situation me paraît désespérée, mon pauvre Liam. Les responsabilités sont des choses si pesantes… Vous me rappelez ces jours où j’en étais encore prisonnière…
Je tournais un regard interrogateur vers elle. Avant de quitter la maison en claquant la porte, mon père avait hurlé de lui apporter une réponse le lendemain matin. Je rentrais dans le rang ou bien je ne pouvais plus espérer pouvoir rentrer chez moi… J’étais au pied du mur.
- « Etais » ? Vous seriez-vous donc libérée ?
Mes yeux brillèrent dans l’obscurité de la nuit. J’aimais ces femmes libres et « sauvages ».
- C’est cela mon cher Liam. Je suis libre comme l’air ! Mais, chut ! C’est un secret !
J’étais probablement l’homme le plus idiot et naïf qui fut. Lorsqu’elle me proposa de me parler de son secret, je me laissais entraîner dans la ruelle devant laquelle nous nous étions arrêtés. Une fois à l’abri dans l’ombre, ses doigts passèrent sur mes épaules puis sur mon torse, elle approcha son visage du mien et colla ses lèvres fines et rouges sur mon oreille. J’humai son délicat parfum en fermant les yeux. Si elle pouvait me donner la solution pour me sortir de ce problème… J’étais prêt à tout.
- Je viens d’un monde, mon cher Liam, un monde où la liberté n’a aucune limite, un monde où les parents n’ont aucune prise sur nous… Un monde magique où tu pourras gouverner sans jamais craindre de représailles de quiconque, où tu seras accepté et aimé pour ce que tu es et où tes actes ne pèseront pas dans la balance… murmura-t-elle doucement, détachant chaque mot pour qu’ils percutent le plus efficacement possible mon esprit épris de liberté.
Pendant quelques secondes j’eus un doute… De quel monde pouvait-elle bien me parler ? Nos corps posés l’un contre l’autre dans ce lieu de passage avaient quelque chose d’indécent, même d’aberrant. Ses propositions étaient délicieuses, tentantes… Qui était donc cette femme ? D’où venait-elle ? Avais-je contre moi une Fae* ou quelque immortel déguisé en humain qui voulait m’enlever dans son monde ? Me décrivait-elle ce Sidhe* d’où elle venait ? Un Sidhe où les humains seraient traités comme des dieux ? C’était si tentant.
Je me mordis la lèvre inférieure.
- Souhaiterais-tu connaître ce monde, Liam ? insista-t-elle.
J’inspirai.
- Oui… Oui. Montre-moi. Montre-moi tout ce dont tu me parles….
Darla eut un petit rire absolument adorable. J’étais sous le charme de cette femme, si belle, si douce… J’ignorais à quoi m’attendre cette nuit-là. Je savais juste que ma vie allait changer. En bien où en mal ? Qu’importe. La seule certitude que j’avais était que, le lendemain, la porte de mon foyer serait close pour moi, à jamais.
La jeune femme me tira de nouveau de mes pensées, réclamant douceur et baisers. Là, dans cette ruelle ! La belle ne faisait pas de manière ! Mes mains glissèrent sur sa taille et mes lèvres s’égarèrent sur son épaule et dans son cou. Les siennes baisaient mon cou et ses doigts caressaient délicatement ma peau sous ma chemise. Son autre main s’était enroulée dans ma nuque, ses doigts fourrageaient dans mes cheveux.
Je ne sentis rien lorsque son visage se métamorphosa.
Tout ce que je sentis quelques secondes après, ce fut la douleur, dans mon cou. La douleur fulgurante d’une morsure aussi soudaine que sauvage. Son étreinte fut soudainement forte et indéfectible. Malgré ma carrure, malgré toute ma volonté, je ne pus me défaire d’elle. La belle était devenue bête, et j’étais devenue cette proie minable qu’elle avait si simplement capturée.
Je mourus ce soir-là de 1753. Vidé de mon sang. Darla m’avait dévoré comme un loup dévore sa proie. Elle avait bu presque toute mon essence vitale et s’en était allée, telle un mirage.
Je fus enterré dès le lendemain, mon père me dédia une petite pierre tombale dans le cimetière communal. Pierre sur laquelle était écrit, le plus simplement du monde : « Liam O’Kelly - 1727-1753 – A trop chercher le loup, on en voit la queue. »
Le soir-même, Darla était là. Elle attrapa ma main pour m’extraire du cercueil et me tirer sous les doux rayons lunaires. Défiguré par le rictus démoniaque que j’arborerais à jamais par la suite, je pris une pleine bouffée d’air et souris.
Un poids s’était levé de mes épaules, l’ivresse que j’avais ressenti la veille était décuplée, ma culpabilité et mes doutes s’étaient dissipés.
J’étais libre. J’en étais certain ! Plus de chaîne ! Plus de doutes ! Plus aucune de ses maudites entraves morales ou juridiques ! Au Diable le monde !
Le magnifique visage de Darla me contempla en souriant. Sourire que je lui rendis volontiers. Mes doigts caressèrent son menton. Puis mes yeux tombèrent sur ma tombe. C’était étrange de voir son nom sur une pierre tombale, la date de sa mort, sans pour autant être à six pieds sous terre.
Mai tout à coup mon sourire disparut. Mes yeux contemplèrent l’épitaphe et une lueur de rage fit briller mon regard doré. J’inspirais bruyamment et soufflais comme un taureau enragé. J’oubliais Darla un instant.
Je me détachai de ma créatrice et m’approchais de ma pierre tombale. Dans un hurlement de rage mon poing s’abattit sur le roc gravé et brisa la pierre en plusieurs morceau. Un second hurlement m’échappa, que je dédiai à la Lune.
Soudainement, une silhouette apparut dans le cimetière, armée d’une lanterne et d’une dague.
- Hé ! Que faites-vous là, bande de délinquants ?! Cessez de profaner ces tombes et allez-vous en avant que je n’appelle les gardes ! Croyez-moi que je vous dénonc…
Mais l’homme n’eut pas le temps de terminer sa phrase. J’avais bondi sur lui, renversé sa lanterne. Le corps brisé contre une croix celtique, je ne remarquais même pas qu’il était mort lorsque mes crocs percèrent sa peau à la recherche de sa carotide. Son sang abreuva mon corps tendu par une rage et une haine nouvelle. Violentes. Plus fortes que je ne l’avais jamais ressenti auparavant.
Le cadavre de l’homme retomba sur le sol tel un pantin désarticulé. Je me relevais et inspirai à fond.
J’avais une dernière affaire à régler…
***
- Est-ce que vous êtes un Ange ?
La voix de la jeune femme sifflotait à mes oreilles comme une mélodie composée de fausses notes. Aghna, était une fille d’une vingtaine d’années à peine. Elle avait été ma petite sœur dans une autre vie, elle était encore vierge et non-mariée, tout entière dévouée au Très-Haut, elle ne quittait la maison que pour aller à la messe. Mais je m’en fichais royalement. Un rictus de plaisir face à tant de naïveté s’étala sur mon visage. Je la dominais, entièrement. Aussi bien physiquement que mentalement. Je la voyais clairement dans la pénombre de la nuit. Elle se couchait tard souvent car elle priait longuement. Elle était venue ouvrir à la place de la bonne.
- L’on peut dire ça comme ça. Laisse-moi entrer, s’il te plaît, j’ai à parler à ton père…
Ma voix était grave et se faisait la plus douce du monde. Le Diable lui-même n’aurait pu se montrer plus innocent. Le plus docilement du monde, elle s’exécuta. Je franchis le seuil et lui tournai le dos immédiatement pour verrouiller la porte et m’emparer de la clef. Toujours fermer l’étable avant de s’occuper des moutons…
Un hurlement perçant ébranla la demeure des O’Kelly jusque dans ses fondations. Aghna fut la première à passer sous mes crocs et mes griffes. Je me découvris une haine incommensurable à son égard. Un mépris indicible. Elle était petite, faible, si pâle… Si gentille… Si pieuse, si stupide. Cette petite garce trop idiote pour croire le monstre venu lui ôter douloureusement la vie. Entre deux hurlements de douleur, et lorsqu’elle parvenait à ne pas pleurer – elle était si faible et lâche ! – elle me suppliait de l’épargner, me demandait ce qu’elle avait fait à Dieu pour mériter ça… Pitié ! Ferme-là et fais-moi le plaisir de crever en silence !
Je la mordais au cou, ce cou si chétif et fin qu’il craqua sous la pression de mes mâchoires.
Lorsque d’autres pas se firent entendre, je laissais tomber la silhouette fragile que je tenais à bout de bras pour contempler mes futures victimes. Criosa la servante, et Ornòr, celle qui fut ma mère. Mais en cet instant, je ne les voyais que comme mes proies. Mes petits moutons prisonniers de leur étable, à qui je promettais les plus belles souffrances que je pouvais leur imaginer.
Mes yeux couleurs de la haine les dévoraient déjà tandis que je m’avançais vers elle deux. Criosa resta figée de d’horreur. Je m’avançai vers elle, laissant mes griffes souillées de sang graver sa marque dans le mur de la maison. Lorsque je parvins à son niveau, mes doigts caressèrent sa joue, doucement. J’humais son parfum, la peur sans nom qu’elle dégageait, se mêlant à l’odeur de sa chair et de son sang… J’aimais ça. Darla avait tenu sa promesse. J’étais tout puissant, et personne ne pouvait m’arrêter. Je levais la main…
Ornòr fut rattrapée en haut des escaliers. Je la rouais généreusement de coups, la lacérai de mes griffes justes pour entendre ses cris perçants vibrer à mes oreilles. Puis je la saisis par le cou, la soulevai du sol sans aucune difficulté et la précipitai du haut de l’escalier.
Saoirse, celui qui fut un jour mon père, mit beaucoup plus de temps à trépasser. Je pris le plus grand plaisir du monde à lui faire endurer mille souffrance, à le laisser supplier de longues minutes avant de jeter son vieux corps usé par la fenêtre de son bureau. Je m’y précipitai par la suite pour arriver dans la rue. Des gardes s’attroupaient déjà pour me maîtriser. Un cri bestial sorti du fond de mes entrailles les fit chanceler dans leurs beaux uniformes.
Un premier homme tomba sous mes coups enragés, puis un second…
Ce fut tout un quartier de Galway qui fut baigné du sang de ses habitants lorsque je quittai la ville par l’est, avec Darla. A l’abri hors des murs, je pus lui raconter comme ce début de nouvelle vie me plaisait tant… Combien la souffrance de ses bons croyants mielleux et suintant la morale me faisait plaisir…
Elle en fut contente et m’attira alors contre elle, elle baisa mes lèvres imbibé de sang frais, et ce fut sauvagement que nous fîmes l’amour jusqu’à l’aube…
Spoiler:
*Fae et *Sidhe : dans le Folklore celte (donc irlandais) qui persiste encore de nos jours, les Fae sont les premiers êtres féériques (desquels découlent les Elfes, Fées et petits peuples de nos histoires fantasy). Les Faes sont des êtres immortels, quasi-divins, qui viennent souvent sur terre pour jouer avec les humains, leur faire des farces ou bien les tenter de diverses façons avant de les punir. Les Faes vivent dans des Sidhe qui sont des dimensions parallèles au monde humain et auxquels on accède par différent passages cachés. Ces Sidhes peuvent avoir toutes les apparences et propriétés possibles. La règle d’or restant que, un humain qui s’y retrouve perd toujours la raison (qu’il y soit invité en récompense ou exilé en esclave) et finit par appartenir corps et âme à son nouvel environnement.
*O’Kelly : nom de famille extrêmement répandu en Irlande.
Je vous laisse chercher la signification des prénoms de la famille d’Angel !
Dernière édition par Angel le Dim 22 Juin - 8:12, édité 10 fois
Angel
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Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 10 Juin - 22:14
Chapitre Deuxième : Tracing its way in the blood
Ma transformation miracle me libéra de tous les maux dont pouvait souffrir un mortel : les remords, le doute, la peur de déplaire à ce Seigneur absent et silencieux. Mais aussi l’emprise du temps et l’emprise de la mort elle-même ! Je me sentais léger, la peur d’avancer ne me possédait plus. J’étais tout-puissant, je régnais en maître absolu sur ce monde de cafards et de couards ! Nul être pour me dicter ma ligne de conduite, nul pour me réprimander les exactions et crimes infâmes auxquels je me livrais sans retenue et avec le plus grand des plaisirs.
Spoiler:
Un jour que Darla et moi somnolions dans un tas de foins, après une nuit torride, mon pouce caressa doucement son épaule, la tirant de ses rêveries.
- Aurais-je osé réveiller ma princesse ? plaisantai-je. - Tu es un être ignoble de me déranger pendant que je repense à notre nuit… Tu mériterais que je te tue… protesta-t-elle mollement - Essaie donc ! C’était notre petit manège habituel. Feinter la culpabilité avait quelque chose de très amusant, et Darla était incapable de s’en prendre à moi, pour de multiples raisons. Quelques secondes de silence s’écoulèrent où je la serrai dans mes bras et embrassai son front. Puis je libérai mon étreinte et lui souris.
- Tu sais, je crois que je vais changer de nom…
C’était vrai. Cette idée me trottait dans la tête depuis quelques temps. Liam était un nom si commun, si banal… Il était aussi ma dernière attache avec ce passé répugnant de mortel. Je devais me couper totalement de ce monde de mortels et trouver ma propre identité au sein du Royaume des Ténèbres.
- Tiens donc ! Et que vas-tu choisir comme nom ? demanda Darla, étonnée. - Aide-moi donc, toi qui es si intelligente et maligne ! - Voyons voir…Que penses-tu de… Liam le Terrible ? - Classique. - L’Ombre du Malin ? La Fureur du Mal ? - Trop pompeux et trop longs, répondis-je en soupirant. Je veux quelque chose qui marque les esprits, tant chez les nôtres que chez les vivants. Je veux un nom dont chacun se rappellera !
Darla réfléchit pendant quelques secondes avant de lancer au hasard :
- L’Ange des Ténèbres ? Quel coquet tu fais avec ton histoire de nom…
Mais je ne répondais plus. Plongé dans mes pensées. Le mot « Ange » m’avait rappelé le délicieux souvenir d’Aghn m’ouvrant la porte de sa demeure. « Est-ce que vous êtes un Ange ? » avait-elle demandé le plus innocemment du monde. D’autres liens se firent dans ma tête. Je me frottai un instant le menton avant de couver ma Darla de regard.
- Tu es géniale !
Je l’embrassai brièvement et me levais en vitesse. Une fois debout, je mis mes bras en croix.
- Je serai… Angelus, annonçai-je solenellement.
Darla éclata de rire.
- Angelus ? Mais pourquoi ? - Parce que je ressemble à un Ange ? - Ca c’est vrai ! Tu es beau comme un Ange…
Je m’affalais de nouveau dans la paille et la regardais dans les yeux d’un air de défi.
- Et qu’en sais-tu, toi qui n’as jamais eu d’éducation religieuse ?! Vois-tu, ma chère, Angelus n’est pas un nom choisi au hasard des sonorités. En plus de marquer les esprits en Enfer de par ce nom connotant avec les défenseurs de la parole de Dieu - et les mortels grâce à ma beauté -, Angelus est aussi le nom et le début d’une prière bien particulière : celle qui annonce l’incarnation de Jésus sur terre, l’immaculée conception de Marie, engrossée par le Verbe même !
Mon doigt souligna la ligne de sa mâchoire et je relevai sa tête une fois mon index positionné sous son menton.
- Par ce nom, je te le dis, je suis l’incarnation d’un nouveau messie. Angelus sera l’annonciateur et le prélude à la destruction du monde et à toutes ses souffrances…
Darla se pencha vers moi et déposa un doux baiser sur mes lèvres.
* * *
Elle m’amena devant le Maître, vénérable Seigneur Vampire, puissant et imposant, qui me prit immédiatement en affection. Il m’invita à entrer au sein de son Ordre, L’Ordre d’Aurélius, qui lui vouait un culte, convaincu que je pourrais y accomplir de grandes choses. Mais c’était sans compter sur ma fougue, mon ivresse de liberté totale. Mon esprit rebelle, résidu de mon caractère humain recherchant ce contact avec le reste du monde dont voulait me priver le Maître et ses enseignements. Je restais sept ans à son service, aux côtés de Darla que j’appris être sa favorite.
Sept ans à me plier aux ordres d’un autre avant de m’affranchir. Evidemment, Le Maître refusa de me voir partir comme ça, jeune impétueux que j’étais. Je dus alors prendre les devants et briser moi-même les chaînes entravant mon existence. En février 1760, Je m’échappais de l’Ordre d’Aurélius, signant définitivement mes adieux au Maître et emmenait dans ma fougue une Darla heureuse de retrouver l’Angelus rebelle et ténébreux que j’étais. Ensemble, nous parcourûmes l’Europe, semant la mort et la destruction sur notre passage. Pillant, tuant, torturant nos victime avec tout l’Amour du monde.
Mois après mois, je riais des suppliques des plus croyants, je crachais sur les misérables qui en appelaient à leur Dieu inutile pour les sauver, mais plus que tout, je m’affairais à broyer les âmes avant de broyer les corps. En en retirant toute la satisfaction que je pouvais obtenir.
La torture avait ceci de délicieux que, s’il ne s’agissait pas de faire avouer quelque chose à un autre rabaissé au rang de sous-être méprisable, l’on pouvait alors tester quelle zone du corps provoquait le plus de souffrance en fonction du stimulus qu’on y apportait. Et des petits jouets pour tester les dizaines de théories différentes que j’avais échafaudées, j’en avais amassé un bon nombre ! L’esprit humain est si fertile quand il s’agit de faire mal… Un jour j’avais même essayé une de ces créations sur son inventeur ! Je crois bien que l’homme n’avait jamais autant regretté son génie…
Mais les choses se compliquèrent pour ma belle Darla et moi. Faire le Mal en Irlande et en Angleterre nous causa de nous faire repérer par un certain Daniel Holtz. L’homme était hargneux et aimé de ses supérieurs de l’Inquisition : une armée de chasseurs était à sa solde, ce qui explique que nous avions dû fuir, sans quoi l’homme aurait rapidement et très amèrement regretté son offense… Le début de notre traque date d’Octobre 1760, à Londres même. Holtz était perspicace et ses enquêtes l’avaient mené droit à notre repère, un caveau spacieux au fond d’un cimetière, l’endroit où trop peu de gens oseraient s’aventurer…
Un soir de Novembre, l’homme avait rameuté ses serviteurs et encerclé le caveau. Piégés l’intérieur, Darla et moi dûmes rivaliser d’ingéniosité pour nous sortir de cette situation. Usant de notre rage et de nos lames, nous taillâmes dans les corps des chasseurs notre chemin de fuite. Holtz, à cheval, nous poursuivit dans la ville pendant de longues heures. Par chance, nous avions des amis… Démons, monstres et autres vampires nous aidèrent à nous cacher. Bien que nous ayons disparus des rues de Londres, la terreur régna longtemps chez les êtres de l’Ombre, tremblant de tous leurs membres lorsque les troupes de chasseurs battait le pavé, sillonnant la ville pendant dix longs jours avant de se retirer.
Le soir même de leur retraite, Darla et moi prîmes la fuite. La nuit, nous quittâmes Londres par bateau pour rejoindre les côtes françaises. Malheureusement, Holtz avait des yeux et des oreilles partout sur le continent. Nous nous réfugiâmes d’abord dans des souterrains creusés sous Lilles et habités par des vampires. Puis, quand le « nid » fut découvert, nous dûmes une fois de plus disparaître pour nous enfoncer plus loin dans les terres. Mais quand bien même nous échouions dans une petite bourgade, Holtz finissait immanquablement par arriver et éclaircir les rangs de nos pairs…
En désespoir de cause, Nous descendîmes jusqu’à Paris, au milieu de l’an 1764, où les ténèbres des Catacombes nous laissèrent un temps de répit plus que mérité. Alors, nous pûmes discuter de ce que nous avions à faire.
- Holtz va me rendre dingue ! pestai-je. Il faut s’en occuper une bonne fois pour toute ! On ne peut continuer à fuir comme des lâches !
- Et comment comptes-tu t’y prendre ? On ne sait rien de ce chien ! Et si nous posons le pied dehors, nous serons immédiatement tués. - Nous devrons bien poser le pied dehors sans quoi nous mourrons de faim.
De longues secondes de silence s’écoulèrent avant que Darla n’ouvre à nouveau la bouche.
- Et si on capturait des hommes de Holtz ? Après les avoir interrogés nous pourrions les dévorer… - Ce n’est pas une mauvaise idée, ma chère. Mais seuls nous serons vite tués. Je crois qu’il faudrait aussi s’entourer d’hommes de valeur…
Ce que nous dîmes ce soir-là, nous le mîmes en acte. Le lendemain, nous nous enfonçâmes dans les galeries des Catacombes, dépassant l’Ossuaire pour nous aventurer dans les anciennes carrières de pierres de Paris. Là, nous trouvâmes des groupes entiers de vampires que nous pûmes alors enrôler. La promesse de libérer Paris et de l’or aidèrent à recruter les derniers hommes. Chacun d’entre eux avait la force et l’envie d’en découdre. C’était parfait. Mais il nous manquait une chose importante : les armes. Sept autres jours furent nécessaires pour regrouper les armes qui équiperaient les vingt vampires à nos ordres. Une semaine pendant laquelle j’élaborais un autre plan que je partageais avec Darla.
- Je sais comment Holtz peut nous laisser en paix pendant un temps…
Le regard de la jeune femme s’était illuminé.
- Ah oui ? Et comment ? - Nous allons nous faire tuer, mon Ange !
J’aimais lui faire de petites frayeurs de temps à autres, ça prenait rarement avec elle, mais j’aimais la lueur de surprise au fond de ses yeux…
- Une mise en scène, souffla-t-elle… Ingénieux ! Il va nous falloir des figurants, pour cela.
L’idée demeura simple. Deux vampires de notre groupe prendraient notre place lors des attaques que nous préparions. Portant nos vêtements, la mêlée sera organisé de manière à les mettre au centre de la bataille. Ils se feraient tuer et nous laisserions dans chaque cas un survivant pour répandre la nouvelle. Les humains, Holtz en particulier, seraient trop heureux de voir leur mission accomplie pour réfléchir plus loin. L’idée était d’avoir assez de temps devant nous pour porter un coup à l’envoyé de l’Inquisition.
Notre plan fonctionna à merveille. Les leurres furent faciles à convaincre. Dévoués à la cause des Vampires, ils acceptèrent de se sacrifier sans rechigner. Deux soirs après, nous sortions dans les rues, armes en mains, marchant à la rencontre de nos ennemis. Les attaques furent parfaitement menées. Nos doubles périrent sous les yeux des soldats, un membres de chaque groupe humains fut laissé sur le champ de bataille pour témoigner de nos morts, et deux furent emportés, dont les meneurs, pour être interrogés.
Par mes soins.
Entre les sanglots et les cris, les suppliques et les prières, je pus rassembler des informations plus qu’intéressantes, traçant immédiatement le programme des semaines à venir : aller à Londres, ville où réside Holtz, m’en prendre à sa famille, et revenir. Je convainquis Darla de rester à Paris, de s’occuper des hommes qui nous restaient, et de faire attention à elle tout en profitant du repos que nous venions de nous octroyer.
Quelques jours plus tard, je quittais Paris et pris la direction du nord. A Lille je payai un capitaine pour faire voile avec lui jusqu’à Londres. Parvenue dans la capitale d’Angleterre, je soudoyais un cocher qui m’emmena jusqu’à York. Là, j’y rencontrai des mendiants, des paysans et des servants qui me renseignèrent sur l’emploi du temps du lascar. Monsieur était parti pour la France et chassait le Malin. Il ne rentrerait pas avant des semaines…
* * *
Le soir tombait sur la ville de la perfide Albion. L’obscurité teintait les rues d’incertitude et d’angoisse. La lune était masquée par d’épais nuages noirs, présageant bien du sinistre qui se préparait. Pas d’espoir en cette nuit privée de son astre. La pluie se mit à tomber tandis que je traversais la rue pavée qui me séparait de la demeure des Holtz, un manoir de taille respectable. Sans hésiter je frappai à la porte. Une femme ouvrit, revêtant les habits de servante. Je pris un regard suppliant, les traits tirés.
- Bonsoir. Je suis désolé de vous déranger à une heure aussi tardive, mais… Je me suis égaré en ville et je ne trouve nulle part ou loger ni me nourrir…
L’œil sévère de la femme me jaugea de pied en cap.
- Entrez une minute, je vais vous chercher un peu de nourriture. Mais je ne pourrais pas vous héberger pour la nuit !
Sans un mot, je franchis le pas de la porte et la refermai derrière moi. La servante détenait la clef. Je la suivis docilement jusqu’aux cuisines. Là, elle n’eut pas le temps de ciller, ma main la saisit à la gorge et la souleva du sol. En serrant… En serrant fort…
Son cadavre retomba mollement sur le sol. Je ne voulais pas déjà souiller mes crocs. Le message devait passer auprès de Daniel Holtz. La servante était un dégât collatéral. Je récupérai les clefs dans son veston et fermai la porte à double tours. Mon visage déformé par ce rictus de rage propre à notre espèce tourna son regard doré vers l’escalier. A l’heure qu’il était, la maîtresse de maison devait être au lit…
Je poussai un rire à glacer le sang en montant les marches. D’abord la chambre de la mère. J’enfonçai la porte et la contemplai un instant, une robe de chambre blanche couvrant ses bras et ses jambes. Une charlotte pour protéger ses longs cheveux blonds des affres de la nuit. Son regard bleu terrorisé me dévisagea un instant. Un sourire carnassier sur mes lèvres, je bondis soudainement sur elle, la dominant largement, elle qui était couchée sur le lit marital. Je la plaquai contre le matelas, nos corps en contact et humai bruyamment son parfum. Un petit rire rauque m’échappa.
D’un geste violent je la retournai pour qu’elle me fasse face. Elle commençait à sangloter et à me supplier, comme toutes les autres. J’arrachais sa charlotte, faisant virevolter ses longues boucles blondes, puis à coups de griffes je lacérai sa peau blanche et sans défaut, goûtant avec délectation chacun de ses cris et de se pleurs. J’attrapai alors des lambeaux de draps et de vêtements que je nouai à ses poignets et sur la tête de lit. Ainsi entravée, elle était à moi. Tout à moi. La scène avait quelque chose d’artistique, de magnifique et de purement malsain. Mon esprit s’en trouva encore plus excité. Mais soudainement, mon attention fut attirée par des pleurs. Grossiers, innocents et réclamant de l’aide.
Là, dans un berceau, un bébé. Minuscule, inconscient, boudiné et puant le baptême. Emmailloté dans des langes blancs, la petite créature se mettait à se tortiller, espérant attirer l’attention de sa maman.
Je détournai la tête pour regarder le berceau. Puis de nouveau la femme de Holtz, Nora, avec une lueur amusée et folle dans le regard. Son visage se para d’une expression d’horreur. Mais j’étais déjà debout lorsqu’elle voulut m’empêcher de m’en prendre à son rejeton.
- Pitié ! Prenez tout mais pas mon fils ! hurla-t-elle, la voix brisée.
Je sortis négligemment l’enfant du berceau en le soulevant par une jambe. Le bébé hurla de plus belle, à l’unisson avec sa mère. Quel concert de larmes et de désespoir ! C’était si délicieux à entendre…
Je réglais rapidement le compte du nourrisson qui mourut bien vite, puis le laissai négligemment retomber dans son lit. Je tournai alors un regard brillant vers Nora.
- Sois heureuse du sort que j’ai réservé à ton fils, il aura péri rapidement, souris-je. Mais maintenant…
Mon regard se dirigea vers le fond du couloir, où j’avais senti la trace d’une autre personne. Sans attendre je partis à sa recherche.
- Non… Non… Sarah !!! hurla la mère de plus belle.
Dans le couloir plongé dans la pénombre, je marchais lentement, sans me presser le moins du monde. Je captai le parfum de la peur, et nul doute que la gamine qui se trouvait quelque part dans ses pièces pleurait toutes les lames de son corps, suppliant Dieu et saints de la laisser vivre. Ricanant comme jamais, je laissai mes pas résonner dans les couloirs, faisant courir mes griffes sur les murs.
- Sarah ? Ta maman appelle… Pourquoi est-ce que tu te caches, comme ça ? Montre-toi, Honey !
Je fis quelques pas de plus, défonçant toutes les portes fermées, vérifiant dans chaque recoin si elle ne s’y était pas glissée pour se cacher de mon courroux. Rapidement, alors que la tension était à son comble, j’arrivais devant la porte au fond du couloir. Celle-ci était entrouverte et les lieux étaient plongé dans le noir.
- Tu aimes jouer à cache-cache, hein Sarah ? Tu es grande pourtant ! Mais tu sais que c’est dangereux de jouer à cela ?
En même temps que je débitais ce discours destiné à attiser un peu plus sa terreur, je fouillais les lieux, une chambre d’ami sans doute. Rien sous le lit, Rien sous le bureau…
- Tu sais, se cacher dans une armoire peut être très dangereux car…
Je me plaçai face à l’armoire. Arrachai les portes.
- Tu ignores quel monstre peut t’y attendre ! braillai-je en la saisissant par l’épaule.
A peine fut-elle dans mes bras que mes crocs déchirèrent sa peau fraîche et lisse, à la recherche de sang. Je décidais d’entamer un rituel de transformation avec la petite chose fragile qui se laissait vaincre. Si elle ne tuait pas son géniteur lorsque celui-ci rentrerait, elle lui ferait au moins passer le message. Je n’attendais rien d’autre de cette fille.
- Passe le bonjour à ton père de ma part, soufflai-je à son oreille sourde tandis que je la remettais dans son lit. Ceci fait, je retournai m’occuper de sa mère.
Nora gisait sur son lit, retenu par mes liens qui lui coupait la circulation du sang. Je m’approchais d’elle en débouclant ma ceinture.
Et tandis que je souillais son âme et son corps comme jamais elle n’aurait pu l’imaginer durant toute sa vie, ma main frappait son corps meurtri avec le cuir de ma ceinture, claquant sur sa peau fragile et mordant sa chair. Et dans le chaos des larmes, du sang et des cris, je lui ordonnai de proférer les pires insanités, de m’encourager dans ma tâche, de renier Dieu, de salir son nom… Je lui faisais hurler ces mots, qu’ils parviennent jusqu’au Ciel et montre à ce Très-Haut comme j’étais puissant, comme je le défiais et bafouais son pouvoir !
Puis je dûs me résoudre à cette fin qu’elle attendait – la belle martyre ! – depuis des heures. Je lui tranchai la gorge alors même que mon plaisir atteignait son paroxysme au fond de ses entrailles.
Enfin, tout était fini. Le silence retomba comme le corps chaud d’une femme sur sa couche, après le plus torride des ébats.
La pièce résonnait encore de ses cris et de ses suppliques, mêlées de l’odeur de son sang et de sa sueur. Dans ce chaos général et silencieux, me remplissant de ce calme morbide et de silence de mort.
Puis, reprenant mon souffle, je contemplais un instant mon œuvre d’artiste avant de me mouvoir. Je me levai finalement et attrapai les affaires que j’avais ôtées. Je me rhabillai et me dirigeai vers le secrétaire qu’ils possédaient. Dans un silence religieux, je l’ouvris et me saisis d’une plume et d’une feuille vierge.
« Ce serait mentir que de te dire que je ne voulais pas cela. Mais comprends-moi : c’est de bonne guerre. ~ Angelus »
Je déposai le mot entre les lèvres de Nora. J’embrassai son front et quittais les lieux discrètement.
Je me réfugiai dans une crypte du cimetière le plus proche pour planifier mon retour en France.
Mais une fois de retour dans les Catacombes, je découvrais que l’endroit avait été déserté. Darla m’avait laissé un message crypté m’indiquant qu’elle s’était réfugiée avec les quelques survivants de nos troupes ailleurs, dans les minuscules égouts que comportait Paris à l’époque. Je la retrouvais sous le boulevard St-Michel, dans l’ombre des couloirs étroits des égouts. Nous discutâmes longuement tous les deux, parfois en compagnie des trois Vampires qui étaient restés à ses côtés pendant mon absence, nous racontant longuement ce qu’il s’était passé lorsque nous étions chacun de notre côté…
Mais bien rapidement, les évènements nous rattrapèrent. Lorsque Daniel Holtz découvrit le charnier que j’avais fait de sa maison, lorsqu’il dut tuer sa propre fille en la jetant sous les rayons du soleil, sa rage enfla en lui et il reprit la traque de manière effrénée. Nous dûmes fuir plus vite, plus loin, risquant nos vies en courant aux frontières du jour et de la nuit. Mains dans la main, après avoir perdu nos recrues à Paris, nous descendîmes vers Marseilles où, en 1767, Daniel nous retrouva une première fois. L’affrontement fut terrible entre lui et moi, tandis que ses pions s’attaquaient à Darla et à nos compagnons d’alors : Elizabeth et James. Je gagne une première fois le combat, non sans quelques belles blessures, mais il parvient s’échapper. Mais sa haine ne désemplit jamais, et la traque reprit de plus belle quelques jours plus tard, à peine. Nous nous exilâmes alors plus loin au sud, pensant qu’on ne nous chercherait pas dans les pays d’Afrique du Nord. Mais là encore, nos espoirs se révélèrent vains, Holtz, fantôme omniprésent, nous pourchassait toujours, hantant nos nuits comme nos jours.
Ce fut en 1773, après plusieurs confrontations, que les choses changèrent. Cette fois-ci, je perdis le combat, Seul contre tous ces couards, quand bien même je m’acharnais à faire couler leur sang, je fus mis hors d’état de nuire et transféré dans un lieu caché dans les égouts de Rome. Là, le réveil se fit avec un seau d’eau froide. Je me remémorais rapidement les derniers évènements, avant que la rage ne pousse un grognement animal du fond de ma gorge. Je dévisageai Daniel Holtz sans gêne, mon regard lui promettant les pires souffrances qui soient, qu’importe ce qu’il s’apprêtait à me faire.
- Bonjour Angelus. Nous nous retrouvons enfin. Je dois te dire que je suis presque déçu que cette histoire se termine ainsi. Mais cette fin est nécessaire, pour moi, pour l’humanité.
Sa voix était froide, posée. Elle trahissait un discours répété pendant des jours et des jours, chanté, appris par cœur, retravaillé pour parfaire chaque son et chaque mot… Son ton révélait également une haine. Indicible, inexprimable. Immense. Il me détestait, il me haïssait. Son regard transpirait le dégoût et le désir secret de me tuer. Sa colère froide suintait dans toute la pièce, je pouvais la sentir, la savourer. Par cela, je savais d’avance que j’avais gagné.
- Soit. Si cela doit se terminer, alors tue-moi. Qu’attends-tu ? - Je ne vais pas te tuer tout de suite Angelus, je veux d’abord que tu souffres. Atrocement, infiniment. Je vais faire en sorte que tu souffres comme j’ai souffert, jusqu’à ce que tu réclames toi-même le coup de grâce. Alors je t’apporterai les derniers sacrements.
Des chaînes descendant du plafond étaient enroulées autour de mes poignets et de mes bras. Offrant mon torse à mon bourreau, m’empêchant de me défendre d’une quelconque manière.
- Ce que tu es bon, Daniel… soupirai-je. Mais garde tes sacrements. Ma voie est toute tracée dans les Enfers et nul ne pourra m’en dérouter. - Comme tu le souhaites.
Daniel s’approcha d’une table de granit blanc et il y déroula une trousse remplis d’instruments en tout genre. Il en sortit quelques uns avant de se tourner de nouveau vers moi, un énorme livre à la main.
- Tu sais, je dois te dire que j’ai tout tiré de cet ouvrage. L’Eglise l’a retiré et censuré parce qu’aujourd’hui on refuse d’entendre parler de sorcellerie, mais les sorcières sont toujours là, vous, monstres, vous êtes toujours là…
Il tapota son exemplaire du Malleus Maleficarum et alla le reposer. Puis il alluma un feu dans un petit bassin de pierre et attendit que celui-ci prenne bien avant d’y déposer un tisonnier…
Je le contemplais faire, conscient que la souffrance que j’allais endurer allait être des plus horribles. Mais j’étais prêt à assumer ça, et à emporter en Enfer la maigre victoire d’être précipité dans la mort par un homme corrompu par le Mal qu’il s’évertuait à combattre.
Je le vis prendre un martinet hérissé de pointes en argent. Il me porta les premiers coups dans le dos. Chacun des clous lacéra violemment ma peau, apposant sa marque rouge cruelle dans ma chair. Mon corps entier s’arquait sous la douleur, tout entier envahis par la souffrance physique.
Ces premiers assauts avaient la froideur et la perfection d’un homme qui maniait le fouet depuis longtemps. Maîtrisés, énergiques, les clous raclaient plus ma peau profondément et y inscrivaient leur sanglante signature. Presque à chaque fois, je répondais par un cri perçant. J’ignore complètement combien de temps il me frappa ainsi, mais cela me parut une éternité… Lorsqu’il arrêta, je me laissais pendre par mes chaînes, à demi-conscient et le corps entièrement consacré à ma souffrance.
Il posa cérémonieusement le martinet dans un bol d’eau et le rinça un moment avant de le sécher dans un chiffon de coton et de le reposer avec ses autres jouets. Puis il enroula le chiffon autour du manche du tisonnier…
Ce fut là que je compris. Son visage virait se gorgeait de sang. Il leva sa main et abattit un premier de fer chauffé au rouge en travers de ma poitrine. Je poussai hurlement plus fort encore que les autres. La brûlure se fit sentir plus encore que les clous du fouet. Mais sa « technique », si on pouvait la qualifier ainsi, était… très différente. Hasardeux, ses coups étaient pleins de rage et d’une violence non contenue. Sa méthode laissait place à une folie meurtrière et ses coups se répétèrent à yun rythme plus soutenus, mais leur force mollissait au fur et à mesure. Réalisant cela, je repris le contrôle de moi-même et terrais progressivement la douleur au fond de moi pour sentir la précision de ses coups se dissoudre dans sa colère qui avait fondu comme neige au soleil. Ce fut alors plus fort que moi : je me gaussai d’un rire profondément mauvais et puissant, ne pouvant retenir mon hilarité face à l’ironie de la chose.
Doucement, sous ses coups ramollis par la haine, je m’appuyai sur mes jambes, et finis par me redresser presque tout entier. Mais lorsque j’arrivais à me dresser à son niveau, le tisonnier percuta méchamment ma rotule, me faisant retomber à genoux. Mais ce fut le dernier coup qu’il me porta.
- Pou… pourquoi tu ris ainsi ?
Le rictus de plaisir qu’affichait mon visage ne me quitta pas un instant. Je ris de nouveau, avant de daigner lui répondre.
- Je ris, mon cher, car je peux sentir ton âme se baigner dans la colère et dans la haine. Je peux sentir la douleur guider ta main. Tu me déçois tu sais ? Profondément… Je m’attendais à souffrir, réellement, comme tu me l’as promis… Mais je ne ressens rien, en vérité… Alors quoi ? Est-ce tout ce dont tu es capable ? N’es-tu seulement capable que de reproduire les protocoles vaseux et inutiles d’un livre stupide dépeignant notre monde avec l’œil novice d’un débile ? N’as-tu donc pas le courage d’explorer les tréfonds de ton âme abîmée et d’y puiser l’inspiration de la torture que tu meurs d’envie de m’infliger ? Tu es encore plus pitoyable que je ne le pensais…
- Arrête ! Arrête !! Tais-toi, Monstre ! Suppôt de Satan !! hurla Holtz en brandissant le tisonnier. Tais-toi et souffre ! Souffre !!!
Mais qu’importe ses mots et les coups de fer chaud qu’il pouvait bien me porter, qu’importe les blessures qui ornaient mon corps, je m’en délectais comme autant de victoire sur mon bourreau et sur le monde humain. Et plus il frappait, plus je riais. Je riais comme un dément, un possédé, un être jouissant entièrement de sa souffrance et celle de son geôlier.
- Est-ce que tu as aimé ce que j’ai fait de ta famille ? De ton fils, si laid, si pur et si mou ! J’ai plongé mes griffes dans ses entrailles et me suis délecté de son sang ! Et ta femme ? Hein ? Ta femme ! Sublime et pure ! Si pieuse et si fragile ! Est-ce que tu sais ce que je lui ai fait ? Si, tu le sais ! Ca se voit dans tes yeux ! Tu n’as rien vu mais tu sais… Mais ce que tu ne sais pas, c’est ce que je lui faisais hurler pendant ce temps-là ! A coup de ceinture ! Elle hurlait comme une possédée : « Oh oui Angelus ! Encore ! Encore Angelus ! Tu es si bon ! Oh oui, Angelus, encore !! », criai-je sur un ton totalement exalté.
- La ferme !! La ferme !!! Vas-tu te taire ?!
- Elle était si belle, Nora ! Si bonne aussi ! Je parie que tu ne sais rien de ce qu’elle pouvait procurer à un homme ! Et Sarah ! Oh, ta petite fille chérie ! « Montre-toi, Honey ! », chantonnai-je. Au fait, comment va-t-elle, Daniel ? Comment va Sarah ?
Je lâchais mes provocations comme des litanies, des chapelets de mots destinés à broyer un peu plus son âme entre mes mains.
- Tu l’as tué, Angelus !!! Tu as tué ma fille !!! Tu as massacré toute ma famille dans ma propre demeure !!!
Mes yeux brillèrent d’une lueur particulièrement malsaine. Je plantais ce regard de feu dans les yeux de mon adversaire :
- Non. C’est toi, Daniel… C’est toi qui l’as tué. Tous. C’est toi qui les as menés à la mort, les sacrifiant sur l’autel de ton devoir pathétique. Tu me les as livrés sur un plateau. Tu me les a-ban-don-nés…
J’appuyai sur chacun de mes mots pour les lui graver dans la mémoire. Il me regarda une seconde. Puis leva une dernière fois le tisonnier avec l’intention de me frapper en plein visage.
Mais au même moment, une main blanche attrapa l’objet et le lui arracha.
Darla était intervenue. Sans doute lui devais-je mon salut. Elle désarma Daniel et l’envoya voler contre le mur de la pièce. Puis elle utilisa le tisonnier pour briser les maillons de mes chaines et me libérer. M’aidant à me déplacer, nous nous échappâmes le plus rapidement que nous pûmes des égouts pour nous cacher le plus loin possible de Daniel Holtz.
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mer 11 Juin - 14:05
Chapitre Troisième : O Sweet Devotion…
Je ne sais pas exactement quels ravages je provoquais chez Daniel Holtz en retournant contre lui la culpabilité et la douleur dont il voulait m’accabler. Mais nous ne le revîmes jamais. Signe que j’avais gagné une fois de plus contre ces pseudos puissances lumineuses.
Spoiler:
Darla et moi reprîmes alors notre route et remontâmes lentement vers le nord, passant dans les pays de l’est de l’Europe, la Suisse, l’empire d’Autriche-Hongrie, poussant un peu au sud jusqu’à l’Empire Ottoman, et au nord, les frontières de la Russie.
Nous laissions couler le temps, prenions bien soin de profiter de chacune de nos exactions dans chacune des villes dans lesquelles nous passions. La vie était douce et plaisante, remplie de rires et de cris, de pleurs et d‘amour, mais toujours teinté de rouge…
Puis quand le spleen ou la lassitude s’emparait de nous, nous levions le camp pour nous trouver un autre endroit où s’installer quelques temps. Mon nom était alors sur toutes les lèvres. J’étais adulé par le monde occulte et craint par les mortels de la surface. Les vampires que nous croisions devenaient souvent des amis et des compagnons de route pour un temps. Sous mon aile on se sentait en sécurité. Après tout, n’avais-je pas fait disparaître le célèbre Daniel Holtz ?
En plus des faibles innocents dont je faisais couler le sang, je savourais toujours plus cette liberté retrouvée de bouger n’importe où dans le monde ! Sur une décision commune, Darla et moi pouvions partir du jour au lendemain pour des horizons nouveaux, des plaines inconnues, ou bien nous rapprocher de nouveau de la France et de l’Angleterre. Et ce fut ce que nous fîmes, assez tôt d’ailleurs.
La Révolution Français ne pouvait se dérouler sans nous ! Alors de notre exil nous revînmes apposer la marque de nos crocs sur les cous blancs français.
Nous ne repartîmes que lorsque les troubles cessèrent, soit vers la fin juillet 1789, et nous reprîmes tranquillement notre route vers le nord, et le pluvieux pays d’Angleterre.
Etonnement nous y fîmes des allers-et-retours. Installés dans un nouveau fief à Londres, nous allions et venions dans d’autres pays d’Europe.
Jusqu’en 1860.
Un soir de cette année-là, Darla revint d’une chasse fort fructueuse, l’humeur exaltée. Elle me raconta alors qu’elle avait remarqué une jeune femme qui sortait de la messe de minuit. Toute jeune encore. Son instinct lui avait alors crié que cette femme était particulière, exceptionnelle.
- Tu l’aurais vu, Angelus ! Je suis sûre qu’elle t’aurait plu… Elle est belle, magnifique, et elle possède quelque chose de particulier… Je ne sais pas encore quoi, mais je compte bien le découvrir.
Je n’avais pas prêté attention tout de suite à ses propos, quand bien même un autre vampire avec un don particulier pouvait se révéler utile. Mais si elle n’avait pas de détails plus précis à me donner…
Je lui concédai un soir où je l’accompagnais dehors, pour tenter d’entrer en relation avec son nouveau centre d’intérêt. Et ce que je découvris me fit amèrement regretter de ne pas m’être intéressée à elle plus tôt. Darla avait eu raison de me parler d’elle, et je la remerciai comme je savais le faire, tout au long de la nuit.
Cette jeune femme aux yeux d’un bleu clair comme le ciel diurne, mais profond comme un secret, respirait l’innocence à plein nez. Je finis par apprendre qu’elle vivait recluse chez elle, baignant dans les enseignements moraux et religieux de sa famille, avec ses deux sœurs. Elle ne sortait de chez elle que pour aller aux messes données à toute heure de la journée, et de temps à autres au marché hebdomadaire du quartier.
La Pureté… L’innocence… Ces traits exacerbés, aberrants, chez elle, éveillèrent en moi de sombres pulsions assassines. Je me mis à déserter notre caveau la nuit pour rôder aux alentours de sa maison, trouver la fenêtre de sa chambre, l’observer… L’observer le plus longtemps possible, manger, se toiletter, lire, prier, dormir… Parfois je la voyais regarder le vide pendant quelques secondes, puis sursauter et se signer nerveusement. Plus les nuits passaient, plus ce concentré de piété et d’innocence dégoulinante m’obsédait. J’y pensais sans cesse, quand bien même je me donnais tout entier à Darla…
Je devais détruire cette femme.
Ma compagne de son côté, avait réussi à trouver de quel don la demoiselle « souffrait ». La voyance, les prémonitions…A force de la veiller, de l’épier, je compris qu’elle considérait ce don comme une malédiction du Diable… Le Diable pouvait donner à voir tellement de choses aux faibles mortels…
Alors je commençais à échafauder un plan. Un plan visant à la détruire. De qui ferais-je couler le sang en premier ? L’idée restait de lui faire contempler le massacre méticuleux que je ferais de sa famille. De ses proches, si cela était nécessaire…
En quelques jours, mon projet fut clair dans ma tête. Je savais avec qui commencer, et quand agir.
Alors le sang coula. Les vies autour de la petite et fragile Drusilla furent emportées par mes soins comme des fétus de pailles dans la tempête. Je frappais toujours en-dehors de chez elle, certain que jamais personne ne me laisserait entrer.
J’assassinai sous ses yeux une de ses sœurs, à la sortie de la messe de minuit, puis sa mère trépassa sous mes crocs le lendemain. Je continuais avec son autre sœur le surlendemain, juste devant sa porte.
Je laissais couler deux jours pendant lesquels je donnais l’illusion de les laisser enfin tranquille. J’étais la seconde Bête du Gévaudan… Puis un soir, je surgis des ténèbres et emportai l’âme du père de Drusilla, détruisant définitivement ce cocon parfait et pur dans lequel elle baignait le plus piteusement. Une fois les cris d’agonie du père éteint à jamais, je revins la voir. Alors elle s’enfuit, pauvrette qu’elle était. Hurlant son désespoir dans les rues de la ville. Je la suivis sans peine jusqu’à un couvent où elle partit se réfugier, pensant sans doute échapper à son malheur et aux souvenirs qui souillaient sa mémoire de sang. Darla infiltra sans mal et ouvrit la porte à la Bête le soir même où la vierge effrayée allait prononcer ses vœux.
Alors dans cette enceinte de pierre, je frappais de nouveaux, massacrant pour mon plus grand plaisir toutes les sœurs dans la bâtisse. Dieu perdait encore un peu du terrain dans ce monde que je voulais mien…
Et lorsque plus rien ne se dressa entre Drusilla et moi, lorsque la jeune femme fut seule au milieu des cadavres brisés et mares de sang, silhouette blanche tremblotante sous mon regard impérieux, telle la flamme d’une chandelle dans les ténèbres infinies, alors là, seulement, je me penchai sur elle et souffla cette âme trop chaste de son corps…
* * *
Libéré de sa prison de pureté et de morale, Drusilla nous avait accueillis au sortir de sa tombe de manière étrange. Son comportement demeurait empreint d’une certaine candeur, sa voix était blanche, ses yeux fixaient souvent le vides. En substance, je me sentais face à une petite fille sans âmes prisonnière du corps d’un être mature…
Si cela me déconcerta les premiers jours, je m’habituais vite à cette innocence malsaine et mon amour pour Drusilla fut grand. Pendant un temps. Le temps que l’obsession qu’elle était dans ma tête me quitte.
Nous passâmes tout deux de longues nuits à s’ébattre joyeusement. Je lui fis connaître la vie que nous menions, et la vie en général et elle en fut heureuse. Son don se dévoila un peu plus, libéré du poids de son moral et de l’inhibition volontaire qu’elle en faisait. Grâce à elle, nous pûmes voyager plus vite et plus loin, ses visions, à force de travail, devenaient utiles pour nous renseigner les temps propice aux déplacements et les embûches à éviter sur nos routes.
Mais nos relations à nous trois se compliquèrent. Si Drusilla nous appelait affectueusement sa « famille », Darla devint vite jalouse de mon penchant pour Drusilla. Mais le temps fit son travail et je me détachais rapidement de la jeune vampire pour retrouver ma belle blonde. C’est alors que Drusilla se retrouva seule la plupart du temps, même si de temps à autre je la retrouvais, quand Darla demeurait la nuit dehors…
Se sentant esseulée, elle trouva bonne l’idée de rallier à notre cause, vingt ans plus tard, un autre londonien des quartiers huppés de Londres. Elle avait jeté son dévolu sur un homme absolument détestable : William, surnommé William le Sanglant. Et son sobriquet lui convenait à merveille ! Sa poésie était nulle, ses vers maladroit et dégoulinant d’un amour niais et chaste. Drusilla en apprit beaucoup sur lui et s’enjouait de chacune de ses découvertes. Je ne l’aurais sans doute jamais laissé le transformer si elle n’avait pas eu son don pour lui prédire les actions immenses qu’orchestrerait son futur amour au monde mortel. Cet homme faible et pitoyable à pleurer avait selon elle un énorme potentiel au sein du monde des ténèbres. « Soit… », m’étais-je dit.
Et William, une fois transformé, fut plus pour moi une source de problèmes que de réjouissance. Tête brulée, obstiné, particulièrement rebelle et agressif, il aimait plus que moi se mettre en danger et défier les Humains, les hommes armés, les chasseurs et autres individus dangereux pour nous. A de maintes reprises, il nous mit en danger tous les quatre, et seule Drusilla semblait être capable de le tempérer et de l’empêcher de nous perdre piteusement, dans une bagarre quelconque.
Mais dans mon malheur, et malgré mes relations plus qu’houleuses avec lui, je devais avouer que lorsqu’il se décidait à semer le chaos autour, il ne faisait pas les choses à moitié. Pendant dix-huit années, nous parcourûmes le vieux continent, désignés partout comme le « fléau de l’Europe », famille aux liens tumultueux mais forts. Dix-huit ans pendant lesquels Spike – surnom qu’il tira de ses instruments de torture de fortune – perfectionna son art de la mort et de la souffrance, dévoilant à nos yeux de délicieuses scènes de massacres et de tortures.
Notre vie continuait son doux écoulement, même si le jeune blondinet avait le don de ravager mes soirée intimes avec Drusilla au nom de l’affection que les deux amants se portaient…
A Drusilla:
Ma chère Drusilla, je suis volontairement resté vague sur ce chapitre te concernant. Si en me lisant tu repères des éléments erronés, ou si ta vision des choses est différente, n’hésite pas à m'envoyer un MP ! Nous pourrons trouver ensemble un récit commun à intégrer à nos biographies sur ce passage de nos vies !
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Sam 14 Juin - 17:13
Chapitre Quatrième : A so painful soul
Je me demande souvent ce qui ce serait passé si je n’avais pas récupéré mon âme. Que ferais-je à cette heure ? M’aurait-on tué ? Serais-je en train de mettre le monde à feu et à sang, plus cruel et sadique que jamais ? Aurais-je… détruit Sunnydale de mes mains ? Aurais-je… Aurais-je… tué Buffy ?
Je ne préfère pas trop y penser. Sans doute la voie que j’ai empruntée, cette nuit 1898, était la meilleure à prendre…
Spoiler:
Nous étions venus nous mettre au vert à Borşa en Roumanie. La ville était en proie à quelques troubles dont nous tirions habilement parti dans notre manoir abandonné, ramenant souvent de jeunes gens pour nous amuser avec avant de les dévorer. Les troubles qui régnaient à ce moment-là s’amplifièrent en un embryon de chaos qui s’empara de la région. Les campagnes s’embrasèrent, les révoltes se furent multiples.
Un soir de Novembre, Darla vint me voir, surexcitée, traînant derrière elle une femme. Ou plutôt une fille. Lorsqu’elle tomba à genoux devant moi, terrorisée, je pus remarquer que son âme était encore jeune… tout juste seize ans.
- Tiens, Angelus ! Ceci est ton cadeau d’anniversaire ! Elle errait dans les rues avec les siens. Je suis sûre qu’elle va te plaire ! ricana Darla. Elle ne s’était pas trompée. Mon offrande était belle. Des cheveux bruns encadrant un visage à la peau hâlée par le soleil. Une silhouette fine, appelant à la débauche.
Je dévorai longuement du regard cette silhouette frêle tremblant à mes pieds. Elle n’osait même pas me regarder. Elle sentait déjà venir sa fin. Puis je la saisis par le bras la soulevait pour avoir accès à ses yeux : de lumineuses billes gris-vert souillées de larmes. Le maquillage qu’elle portait coulait de toute part, entraîné par ses pleurs. J’approchai mon visage du sien, humait son odeur… Elle sentait bon. Je soufflai comme une bête dans son cou avant de l’emporter quelques mètres plus loin. Alors, devant les autres, Drusilla et Darla –Spike s’était offert quelque prolongation de chaos dans la ville -, j’arrachai les vêtements de la bohémienne, gravant au passage plusieurs sillons rouges dans son corps, et je jouai. Comme un fou. Je jouais avec son corps et le mien, emplissant le mien de plaisir, le sien de souffrance. Je broyai son esprit sous les pires sévices qui pouvaient exister, la frappant, ses cris m’encourageant à m’enfoncer toujours plus loin en elle, à jouir de toutes mes forces, à la faire supplier.
Lorsque j’en eu fini de broyer son corps, de briser son âme, je la laissai retomber mollement sur le sol. Sous les yeux amusés de mes dames. Je poussai un rire bestial, contemplant cet amas de chair tâché de sang, tremblant et haletant. Puis je me laissai tomber sur elle et embrassai ce corps à demi-mort, qui gémissait toujours de peur et de douleur. Chaque baiser, depuis la veine pulsant sous la peau de son cou jusqu’à son genou était une tentation brûlante, marquant au fer rouge la peau de mon jouet. Je remontai doucement sur l’autre jambe, soulevant sa cuisse pour en baiser l’intérieur, toujours plus près de son entrejambe. Puis lorsque je trouvai la veine que je cherchais, mes crocs de bêtes remplacèrent mes lèvres douces et brûlantes. Je déchirai sa peau pour accéder à sa chair, son sang. M’en repaître, goûter un peu plus encore à l’intérieur de son être si captivant et si innocent. Elle hurla d’une voix suraigüe et ses pleurnicheries reprirent de plus belles. Elle s’arqua pour se défendre mais ma main attrapa son poignet à la volée et le tordit amoureusement, la réduisant définitivement à l’impuissance.
Après la cuisse, je remontais croquer profondément son poignet puis sous son aisselle, buvant à chaque instant de longues gorgées qui l’affaiblissaient de plus en plus. Elle était pâle lorsque je fus arrivé à sa gorge, et sans y prêter attention, j’achevai mon parcours en m’attaquant à sa dernière source de sang.
Ce soir-là, mon anniversaire fut magnifique, quand bien même ce n’en était pas la date. La bohémienne mourut dans mes bras, dans la terreur et la souffrance, le corps souillé comme jamais elle ne l’aurait imaginé, et vidé de son sang, par-dessus le marché.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Nous découvrîmes quelques heures plus tard que la bohémienne faisait partie d’un clan de romanichels, le Clan Kalderash. Le père de la fille se déplaça lui-même, entouré de son clan, jusqu’à notre manoir. Le vieil homme m’appela sur un ton de défi depuis la rue. Les bohémiens étaient prêts à entrer et à incendier la maison. Mais ils avaient amené quelque chose avec eux… L’Ancien du clan s’adressa à moi quand je daignai lui répondre. Je n’avais aucune culpabilité à avouer. J’étais pleinement satisfait de ce que j’avais pu faire, à travers le monde, à travers les âges, aux personnes qui m’entouraient maintenant. Je m’en contrefoutais le plus royalement du monde.
- Je ne vois pas de quels massacres tu peux bien parler ! raillai-je pour le vieil homme. - Tu ne te rappelles pas, dit alors l’homme sur un ton calme. Tout ce que tu as fait. Depuis un millier d’années. Dans un instant, tu te souviendras. Le visage de chaque innocent que tu as tué – le visage de notre fille -, ils te hanteront et alors tu connaîtras la véritable souffrance.
Sur ces mots solennels, le clan se réunit et aida l’Ancien à accomplir un rituel. Darla, Drusilla, Spike – qui était revenu – et moi-même plièrent bagages pour nous enfuir par les sous-sols. Un mur effondré donnait sur une galerie souterraine et nous pourrions alors quitter la ville par les égouts.
De leurs côté, les Kalderash accomplirent rapidement un rituel. Nous les entendîmes prononcer une incantation alors que nous descendions à la cave. Puis tout à coup, un trait de lumière déchira la pénombre de la maison et s’avança jusqu’à moi.
Sous mes yeux s’arrêta un orbe gros comme le poing. Il en émanait une lumière dorée intense, comme si un soleil était emprisonné à l’intérieur. J’étais littéralement subjugué. Immobilisé dans un couloir, Darla me tirait par la main, mais rien à faire, je restais planté là regarder l’orbe tournoyer. Mes yeux brillèrent un instant, la sphère transférant son contenu dans ma tête. Puis elle cessa de briller et tomba se briser sur le sol.
- Angelus !
Mes instincts se rappelèrent à mon bon souvenir et je repris ma course avec ma « famille » vers les ténèbres des souterrains, dans lesquels nous nous perdîmes pour échapper au clan.
Mais quelque chose de bien plus important s’était immiscé en moi à cet instant hors du temps. Les lumières dorées avaient imprégné ma chair, mon sang, mais surtout mon esprit, distillant en lui des émotions nouvelles…
Ou plutôt anciennes. Très anciennes…
Qui devinrent familières lorsque je pus me plonger dans mes réflexions. Et ce geste intérieur m plongea dans une torpeur ignoble. Les maudites lumières avaient éclairés des souvenirs. Des visages. Des séquences de ma vie que je n’avais plus en tête, tant elles se suivaient et se ressemblaient.
Je sombrais dans un état presque apathique. Mon regard transpirant la peur et la tristesse fixait le vide, me sourcils se tordant au-dessus de mes yeux.
- Que lui arrive-t-il ? chantonna Drusilla en me regardant.
Darla tournait maintenant depuis de longues minutes, tandis que Spike se moquait de moi silencieusement en enserrant la taille de son amante.
- C’est une excellente question, dit-elle d’une froideur jusque là jamais dévoilée. Je crains le pire. Il faut savoir ce que lui ont fait les bohémiens.
De mon côté, je restai souffle coupé. Le vide était pour moi empli de la promesse du Kalderash : un visage apparaissait devant mes yeux, surgissant de ma mémoire, puis un autre, déformé par un cri muet et suspendu. Puis encore un autre, le regard suppliant, les larmes creusant des sillons sur ses joues tâché de sang…
Une femme…
Un homme…
Une adolescente…
Un enfant…
Un vieillard…
Un nourrisson…
Cette parade macabre aurait duré longtemps si Darla n’avait pas agi. Je ne l’avais pas vu approcher, m’attraper la main. Je ne me rendis compte de sa sollicitation que lorsqu’elle me tira le bras pour que je me lève.
- Viens Angelus. Nous allons voir ces maudits bohémiens. Ils vont regretter ce qu’ils t’ont fait. Spike, Dru, avec moi.
Je chassais comme je le pus ces fantômes et me concentrais sur Darla. Son visage me souriant lorsqu’elle me regardait, son contact doux… Heureusement qu’elle était là. Je me repris et marcha plus rapidement à ses côtés. Nous trouvâmes bientôt le campement des gitans, en-dehors des murs de la ville. Nous approchâmes sans crainte. Darla me protègerait, Spike et Drusilla auraient la possibilité de s’amuser un peu.
Nous traversâmes le camp pour parvenir à la maison de l’Ancien, que nous reconnûmes à son odeur. La porte vola en éclat sous le coup de poing de Darla.
- Qu’avez-vous fait ?! Qu’avez-vous fait à Angelus ?! hurla-t-elle en se jetant sur le vieil homme.
L’Ancien ne perdit pas son sang-froid. Il savait, d’une certaine manière que lancer cette malédiction c’était exposer les siens à des représailles. Mais il ne s’attendait pas vraiment à recevoir une telle visite. Nous aurions pu quitter la ville et ne jamais revenir.
- Nous avons accompli le Rituel de Restauration, expliqua le vieil homme. Le Vampire que vous connaissiez… a recouvré son âme. - Comment est-ce possible ?! cria Darla.
Elle jeta un regard dans ma direction. J’encaissais la nouvelle sans savoir que dire.
Mon âme… C’était donc ça… Ces émotions ensevelies, enterrées au fond de mon cœur. Anciennes, poussiéreuses, aux mécaniques brutales. Elles ressortaient de leurs tombes telles le mort-vivant que j’étais, pour revenir me tourmenter.
Puissantes. Sauvages.
La culpabilité. La tristesse. La peur… le Désespoir.
- Inverser le processus ! invectiva Darla en secouant le vieil homme. Inversez-le !! Utilisez le contre-sort immédiatement et retirez-lui son âme ! Ou bien votre clan sera réduit à néant ! - Jamais. Angelus a causé trop de souffrance dans ce monde ! Il a tué notre fille ! Combien d’autres filles a-t-il tué ?! Combien d’innocentes ? Combien d’hommes et de femmes ? Combien d’âmes souillées et de corps brisés ?! - Retirez-lui son âme, je vous l’ordonne ! - Combien d’autres vies as-tu arrachées, Angelus ?! cria l’Ancien à mon attention. Combien de familles ?! Combien de villages ?! Alors, Angelus… Ressens-tu maintenant la véritable souffrance ? [/color]
Les remords, au grand complet. Le doute…
Le cimetière de mes émotions était là, tout entier. Relevées de leurs tombes, de leurs cendres. Elles s’avançaient toutes vers moi pour me transpercer lentement le cœur de leurs pouvoirs infâmes. Je ne voulais pas les voir, ni les entendre. Ni les sentir, ces frissons ignobles, ces tremblements incontrôlés. Je voulais retrouver mon inconscience d’antan.
Les visages revinrent alors. Tous, en un carnaval infernal, les suivant de mes sentiments revenus à la vie. Le cortège dansait sur mon âme, piétinait mon esprit et dévorait mes envies, les remplaçant par les plus horribles regrets et les plus indicibles hontes.
Etait-ce donc ça, souffrir ?
Je n’avais pas fait attention, Spike était entré dans la maisonnée, couvert de sang. Il informa que le clan était exterminé, prétextant une révolte pour justifier sa cruauté et ce massacre en règle que Darla lui avait défendu de perpétrer.
Nous n’avions plus aucun moyen de pression pour forcer le vieux Kalderash à me libérer de ma malédiction.
- J'espère qu'il existe, dans ton intérêt, un moyen de conjurer ce sort abject !
Le vieil homme était sur le point de trépasser. Il n’y avait plus aucun doute. Darla le tuerait sans hésiter maintenant que son clan était détruit.
- Il existe un moyen. - Parle ! - Angelus doit connaître un moment de bonheur pur. Alors, seulement, son âme s’évaporera et il pourra retourner aux Ombres…
La secondes suivant, son cou céda sous la pression des doigts de Darla.
Le dernier Kalderash était mort.
* * *
Il me fut d’abord impossible de supporter ces choses qui valsaient en moi, entêtantes. Je les rejetais de toutes mes forces, les oubliais dès que je le pouvais, les noyais dans tout et n’importe quoi… Je ne les supportais pas. Je priais pour qu’on m’arrachât cette âme qui me tordait l’esprit et me faisait souffrir milles infamies. Je luttais comme un fou pour refouler ces émotions aberrantes, les enterrer de nouveau. Je les frappais, leur hurlais de se taire, de se terrer hors de ma vue et de m’oublier. Il n’était pire vampire que celui qui regrettait de tuer.
Pendant de longs jours je me débattis, incapable de chasser, de me nourrir. Puis ma conscience eut raison de moi. Elle balaya mes défenses et vint se greffer à moi, là où elle aurait toujours dû être. Je l'accueillis difficilement, mais elle anéantit ma résistance, ma révolte. Alors là seulement, je commençais à réfléchir. Là, seulement, je fis face à la réalité.
J’avais tué des gens. Des riches, des pauvres, des hommes, des femmes, des enfants… J’avais fait pire… J’avais… torturé… mutilé… violé…
Lentement, un goût amer me vint à la bouche. Je pris conscience du poids des morts qui pesait sur mes épaules. Le poids d’un monde martyr de ma propre folie. Sacrifié sur l’autel d’un plaisir dément qui n’était pas le mien. Qui ne l’était plus. Qui ne l’avait jamais été ?
- Angelus, me susurra Darla. Regarde-toi, tu es sale, laid, on dirait le plus misérable des mendiants. Il est temps de te nourrir. Tu as perdu tes forces, tu ne sors plus. Tu dois te reprendre.
Je la suivis docilement dehors, une lueur d’appréhension dans les yeux. Le temps était venu : étais-je de ceux qui pouvaient tuer sans peine pour se nourrir ?
Lorsque nous fûmes dans la rue, mes instincts démoniaques s’éveillèrent. Le sang frais pulsait quelque part, je pouvais l’entendre, le sentir, c’était comme un parfum délicieux. Il me fallut quelque secondes pour me muer en bête et bondir sur une femme qui s’était attardée dans les rues à la nuit tombée.
Je fondis sur elle et la maîtrisai en quelques secondes. Je tirai sur ses cheveux, dévoilant à mes yeux d’or une gorge blanche où pulsait une veine.
- Vas-y Angelus, bois ! m’encouragea Darla qui m’avait suivi.
Je la regardai, elle et son visage d’habitude si beau, déformé par des traits indescriptibles. Un rictus de haine mêlé de plaisir. Je contemplai de nouveau ma victime, qui s’agrippait désespérément à mon bras pour le retirer de sa tête et se libérer. Sa gorge… l’odeur de son sang, le rythme indescriptible de son cœur... Pauvre bête horrifiée. Je voulus ouvrir la bouche.
Mes lèvres tremblèrent. Etais-je donc réellement ainsi ? Etais-je un tueur implacable qui assassinerait un enfant au berceau ? Etais-je un buveur de sang ? Un monstre tuant pour son plaisir et sa faim ?
J’avais toujours mené une vie de débauche, couchant ici et là, flirtant avec les demoiselles faciles, m’enivrant de bièvres chaque soir et rentrant saoul à la maison. Mais… mais je n’avais jamais tué… jamais… torturé…
Qu’étais-je donc devenu ?
Je baissai la tête et relâchai soudainement la jeune femme sans la toucher. Elle voulut s’enfuir et courut à travers les rues.
- Mais qu’est-ce qui te prends ? cracha Darla.
Sans attendre de réponse, elle bondit sur sa victime et la dévora sur place. Un cri sourd résonna, me transperçant les oreilles. Un rictus de dégoût s’afficha sur mon visage. Sans attendre la vampire, je retournai au caveau où nous avions élu domicile.
Durant les deux années qui suivirent, je décidais de partir chasser seul. Je prenais alors la direction des forêts et plaines sauvages pour m’en prendre ici ou là à des biches, des lapins, des renards… Mon petit manège prit bien au début, les autres pensaient que je réussissais à tuer des innocents. Ce qui me soulageait au moins de leurs regards suspicieux et d’une partie des commentaires acides de Spike.
Alors nous partîmes vers l’Est. Nous rejoignîmes la Chine en passant par la Russie. Il fut difficile pour moi de me nourrir alors, les bêtes venaient à manquer en hiver, je dus me résoudre à m’en prendre à des humains dans les petites villes où nous passions. Je choisissais au mieux mes proies : des voleurs, des assassins, des violeurs…
Je chassais tout ce qui pouvait me rappeler cette part de moi que je m’étais résolu à combattre.
J’avais fait des erreurs de mon « vivant », j’avais mené une vie de péchés, mais je n’étais pas un tueur. Je n’étais pas un homme qui torturait pour le plaisir, qui jouissait dans la souffrance de ses victimes. Je n’étais pas ce tortionnaire dont les souvenirs m’envahissaient.
Non. La réponse s’était rapidement imposée à moi.
L’année 1900 nous vit arriver en Chine, donc. Le chaos était bien présent et me provoquait des frissons indescriptibles. Mon temps se consacrait à éviter les discussions et les contacts avec Spike, Darla et Drusilla. Ma solitude m’avait poussé à réduire les contacts au minimum vital, et Darla m’avait bien fait comprendre que nos ébats endiablés lui manquaient.
Je savais bien que la malédiction qui pesait sur moi avait grandement altéré notre relation. Pourtant je l’aimais. Énormément. Je n’oubliais pas son charme, son parfum, ses mimiques… je ne voulais pas la perdre. Alors je pris sur moi et allai la voir. Nous fûmes rapidement l’un contre l’autre et elle commença à m’embrasser. Je dus reconnaître que ça je savais faire.
L’aimer. Ce ne fut pas quelque chose de problématique. Même si je n’y trouvais aucune réelle satisfaction. Aucun réel bonheur.
Son regard déçu une fois notre nuit terminée parla bien plus que n’importe quelle remarque cinglante.
Angelus, le terrible Angelus, le Démon au visage d’Ange, n’était plus ce qu’il était. Darla découvrit ma misérable supercherie, au cours de la Révolte des Boxers. Son estime pour moi chut un peu plus vers le néant, tandis que celle de Spike gagnait en force, surtout après qu’il ait éliminé une première Élue.
Une nuit, alors que les hostilités battaient leur plein, elle me tira dehors avec elle. M’entraînant dans une maison, elle assassina mari et femme sous mes yeux et me livra un enfant.
- Angelus, ta supercherie n’a que trop durée. Es-tu des nôtres ou non ? - Je le suis, Darla ! Je te jure ! - Alors prouve-le ! Prouve-moi que tu es encore cet être démoniaque qui règne sur ce monde ! Tue cet enfant ! Nourris-toi de son sang devant moi, ou bien n’ose plus jamais m’approcher…
Alors nous en arrivions à ce point… Darla m’imposait une ultime épreuve pour montrer que je restais fidèle à nos ambitions.
J’hésitais un long moment, sous son regard sévère. Je regardais l’enfant dans les yeux. Des yeux remplis d’innocence et de peur, son corps s’agitait entre mes doigts, se débattant comme un fou pour fuir le danger. Il était vulnérable, à ma merci.
Si j’acceptais de le tuer, je m’aliénais un peu plus encore, plongeant plus profondément de ce côté Sombre du monde. Je perdrai un peu plus de cette raison que j’avais retrouvée, cette raison qui me tourmentait sans cesse, me faisait voir les visages déformés de mes victimes dès que je fermais les yeux… mais je resterais avec Darla. Ma seule attache désormais, dans ce monde de fou. Et Drusilla aussi, qui ne pouvait s’empêcher de me trouver encore un peu d’affection malgré mon état…
Si je refusais de tuer ce bébé, alors je n’aurais plus qu’à fuir, à vivre seul, sans personne à mes côtés pour me parler, me comprendre… Mais je serais libre. Libre de choisir ma vie, de me nourrir de ce que je voudrais, d’aller et de venir… Je n’aurais plus besoin de chercher le chaos, ni de le provoquer, non plus de faire du Mal pour plaire…
Une fenêtre sur la gauche.
Je plaquai l’enfant contre moi et me ruai vers mon destin.
Angel
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Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Lun 16 Juin - 12:11
Chapitre Cinquième : "I wanna help her. I wanna become somebody."
Abandonner Darla et les autres me libéra d’un poids qui pesait sur mes épaules. Leurs habitudes, leur amour pour la souffrance, leur désir de voir le monde s’embraser… Tout cela me dépassait, à présent. Après avoir déposé l’enfant dans une autre demeure, j’avais pris la direction du sud de la Chine et traversé de nouveau les plaines glaciales de la Russie.
Spoiler:
J’errai dans le monde et le temps comme un fantôme, voyageur maudit arpentant les frontières entre les deux mondes, ne vivant ni dans l’un ni dans l’autre.
Une fois revenu en France, je compris que le Vieux continent ne pouvait plus rien m’apporter : trop de morts, trop de souvenirs. Angelus avait marqué cette partie du monde de ses griffes cruelles, laissant à jamais une trace dans sa chair et dans son âme.
Moi, je n’étais plus personne, simplement une silhouette sombre rasant les murs, évitant les regards et les mémoires.
Mes yeux se tournèrent alors vers l’horizon et vers un monde dont chacun rêvait, promesse de gloire et de fortune à tous ceux qui s’exilait là-bas : l’Amérique. J’embarquai clandestinement dans un bateau de marchandises, vivant à bord des vermines qui peuplaient le pont : les rats.
Arrivé à bon port, une nuit d’été de 1902, je découvrais un monde totalement nouveau. Grouillant de vie, de joie et de misère. Les maisons se tassaient les unes contre les autres dans les rues de la ville de New York, grimpant toujours plus vers le ciel. Les gens couraient partout, pressés, de nuit comme de jour. Ici la crainte des vampires et des monstres ne semblait pas exister. Même si au cœur de la nuit les rues étaient désertes, les passants flirtaient beaucoup plus avec la mort, s’attardant plus volontiers le soir. Je découvrais la fièvre des dollars, l’ivresse publique que procurait le besoin de gagner de l’argent, de trouver un emploi, de négocier…
En marge de ce monde vierge de la barbarie d’Angelus, j’observais, me glissais parfois dans la foule juste pour en retirer de quoi vivre : des billets, des pièces, des vêtements…
Je vécus dans un premier temps dans une cave désertée. Le jour, je cherchais à comprendre ce monde en me relatant ce que j’avais pu y voir, je lisais des livres dérobés, des affiches… La nuit, je m’aventurais dans les rues, me hasardant dans les parcs, à la recherche de ces précieux dollars auquel on vouait un véritable culte.
Et évidemment, au bout d’un moment, je dus me frotter une nouvelle fois au monde des ténèbres. Un soir, un vampire avait décidé de se mesurer à celui qui avait traversé les frontières de son territoire. Il avait son terrain de chasse et n’aimait pas qu’on vienne le fouler. Je me battis avec lui, assez violemment. Mais je n’avais pas le cœur à le tuer. Je lui donnai néanmoins une bonne leçon, car il ne vint jamais plus m’ennuyer.
- Mais t’es qui, toi ? avait-il râlé, une fois à terre et la lèvre en sang.
J’avais hésité. Arriver sur cette nouvelle terre vierge de mes massacres, changer de vie, imposait que je laisse Angelus sur le vieux Continent…
- Je m’appelle… Angel… dis-je finalement. Et si j’étais toi, j’arrêterais de me chercher des problèmes…
Le vampire se releva en s’essuyant la bouche et s’en alla sans se faire prier. J’avais peut être récupéré mon âme, mais je n’en étais pas moins puissant que jadis… Chose que je retins pour les temps à venir, je restais capable de me défendre en cas de problème.
Une fois que je fus habitué à cette nouvelle vie, à cette ambiance électrique, je quittai les rues animées de New York et m’aventurai clandestinement dans les différents Etats, passant par Chicago, Ciudad Juarez, au Mexique, Missoula… Evidemment mon voyage m’apporta quelques ennuis, des accrocs avec des démons, des vampires… mais aussi des femmes qui voyaient en moi un homme à aimer, ne serait-ce qu’une seule nuit…
Mais je n’étais pas le genre. Et les demoiselles terminaient par s’en aller, me laissant regagner la pénombre du monde où ma place était la meilleure.
* * *
Dans les années 1950’, je découvris l’Etat de Californie et décidai de m’y « installer ». La crainte et la tourmente ne me quittaient pas, fidèles compagnes, mais je me sentais déjà plus léger qu’en Europe. L’argent que j’avais amassé me permit de m’offrir le luxe d’un séjour à l’hôtel Hyperion, à Los Angeles. Le bâtiment, sobre vu de l’extérieur, respirait le luxe dès qu’on en franchissait les portes. Son hall immensément haut, ses colonnes imposantes, ses lustres travaillés et cette lumière chaude qui emplissait les lieux… Je ne me sentais pas chez moi, mais déjà plus que n’importe où ailleurs…
Mon arrivée dans cet hôtel symbolisa un véritable retour à la civilisation. J’avais appris à endiguer la soif, à la contrôler, la repousser assez loin et assez longtemps pour pouvoir me soucier d’autre chose, prolonger une conversation intéressante, par exemple.
Je m’ouvris alors un peu au monde, laissant les gens m’aborder, me parler. Je m’intéressai alors de nouveau à la mode, un peu, pour mieux me fondre dans la masse. Je continuai néanmoins de voyager, mais toujours de nuit. Près de vingt ans plus tard, mon trajet me ramena à New York.
Grand mal m’en prit.
Le 28 juin 1976, ma vie bascula de nouveau.
J’avais cheminé une grosse partie de la soirée dans les rues de Manhattan, à l’occasion d’un road-trip dans une partie des Etats-Unis. Cela faisait plusieurs nuits que je ne m’étais pas nourri. La faim se faisait sentir, grognant comme une bête au fond de moi. Je devais trouver quelque chose à me mettre sous la dent avant d’attaquer un innocent…
Je tournai de la 7ème avenue sur la 23ème rue ouest. Une odeur de sang chaud passa dans mes narines, bandant instinctivement mes muscles.
Je marchais en m’efforçant de penser à autre chose que cette faim immonde. Je devais trouver de quoi me nourrir, un chat, un chien errant…
Soudain, un coup de feu claqua à mes oreilles, me tirant de mes pensées.
- Putain, merde !
Un cri, quelques mètres devant moi. Une silhouette sombre sortit en trombe d’un magasin encore éclairé. Je pouvais entendre son cœur battre la chamade, sentir la sueur froide qui lui coulait dans le dos. Cet homme venait de commettre un crime et fuyait les lieux. Il s’enfuit dans la rue sans me remarquer. Je m’approchai du magasin, le Doughnuts Plan. J’allais rattraper l’homme lorsque quelque chose me cloua sur place.
Un faible râle venait de s’élever dans les airs. Je tournai la tête vers l’intérieur du magasin. Le parfum du sang régnait dans tout l’établissement. J’entrai en trombe et découvris l’employé couché au sol, le cou en ouvert par la balle tirée par son agresseur.
Je ravalai ma nature sauvage et la salive qui me montait à la bouche. Je devais résister…
- Hé, hé ! Je suis là… Benji, c’est ça ?
Son badge indiquait son prénom : Benjamin. Le gosse devait avoir tout juste vingt ans… Des cheveux blonds coiffés en brosse, maintenus avec du gel, et des yeux bleu-vert… remplis de terreur. Il me tendit sa main dans un geste maladroit et je l’attrapai comme je le pus, pour la lui serrer.
- Ca va aller, gamin… dis-je pour le rassurer. - Je-J’veux pas… mourir… me supplia-t-il d’une voix presque éteinte. - Non, tu vas pas…
Mais la faim se fit plus forte que moi. Elle brisa mes défenses, déploya ses griffes et fondit sur sa proie. Après tout, il allait mourir, quand bien même les secours seraient venus le chercher… la plaie était béante, le sang coulait à flot… Il n’y avait qu’à se servir.
Mon visage se déforma pour adopter ce rictus que je haïssais tant. Je n’eus même pas à le mordre, juste à boire. C’était si simple. Céder à la tentation, se laisser glisser sur le flot de la rage et de la soif, laisser entrer dans sa bouche cette substance vitale que beaucoup d’hommes possédaient. Un de plus, un de moins…
Benji mourut malgré ma semi-promesse. De ma main.
Finalement je n’avais pas changé. Je ne valais pas mieux qu’Angelus. J’étais un tueur, un être ignoble qui n’avait pas sa place dans ce monde, qui finirait sans cesse par céder à cette tentation abjecte de détruire une vie pour s’en repaître.
J’étais mauvais. Maudit.
Ce soir-là, je m’enfuis dans les rues, la bouche dégoulinante encore de sang, et me terrai dans les égouts. J’y demeurais des semaines entières sans voir la lumière naturelle de la lune ou des étoiles, ni même celles des lampadaires.
Je vivais au milieu de mes fantômes, des cris et des pleurs, souvenirs projetés sur la toile d'ombres épaisses et dont la réalité me pourchassait sans cesse. Les rats étaient mon seul repas dans ce repaire de ténèbres.
Les égouts et les ruelles mal famées de New York devinrent mon univers. L’ombre, la crasse et la solitude, mes seuls libertés. Je déambulais dans ce monde de noirceur sans aucun autre but que celui de vivre un jour de plus. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même, méconnaissable.
* * *
Une nuit d’avril 1996, tandis que j’errais dans une rue crasseuse, un homme en Trench Coat s’approcha de moi. Son style distingué et excentrique jurait avec l’ambiance sombre des lieux. Un chapeau en feutre vissé sur le crâne et une cigarette à la main, il m’aborda sans aucune manière, comme si j’étais son ami de toujours. Je le regardai, incrédule. Heureusement que nous étions seuls…
- Mon nom est Whistler. Enfin ces derniers temps, ça l’est. Mon véritable nom est difficile à prononcer, à moins que tu ne sois un dauphin. - Vous n’êtes pas un vampire.
Tout chez lui me laissait penser qu’il n’était pas un mortel. Mais il n’était pas non plus un vampire, je le savais…
- Un démon, techniquement. Mais je suis pas un méchant – pas comme tous ces démons qui se donnent corps et âmes à la destruction de toute vie... - Qu’est-ce que vous me voulez ? - Eh bien, vois-tu, d’ici un mois, une jeune fille va apprendre qu’elle est l’Elue. Un homme se présentera à elle et lui annoncera qu’elle est l’Executrice qui devra affronter les forces du Mal pour protéger l’humanité. - En quoi ça me concerne ?
Whistler tira sur sa cigarette. Il s’appuya contre un mur.
- Ca te dirait de parler de ça devant une pizza ? Je meurs de faim et le type de la rue d’en face fait d’excellentes Regina !
Je poussai un soupir et acceptai son « invitation ». Je le suivis dans le restaurant encore ouvert à cette heure tardive et nous nous assîmes à la première banquette près de la porte. Le démon commanda une Regina pour deux personnes.
Evidemment c’est lui mangerait tout…
- Qu’est-ce que j’ai à voir avec votre histoire d’Exécutrice ? dis-je à mi-voix une fois que nous fûmes seuls. - Mais tout ! Le travail d’une Exécutrice est difficile, tu sais… Elle sera plongée dans un monde dont elle ne connaîtra rien. Elle finira immanquablement par vivre… au ban de la société…seule… Elle connaîtra sans doute la peur et la mort…
Le serveur s’approcha de notre table et déposa une large assiette ou fumait une pizza garnie de jambon, de champignon, de fromage fondue et de sauce tomate. L’odeur me donnait presque l’eau à la bouche. Whistler se saisit d'une part et la mordit avec ferveur. Puis il me regarda dans les yeux.
- Mais tout ça, tu connais… hein, Angelus ? - Angel ! corrigeai-je, dissimulant mal mon irritation. - Angel, pardon ! Au temps pour moi… Hmm… Ces pizzas sont vraiment dé-li-cieuses !
Je poussai un soupir exaspéré. Ce démon commençait à me courir…
- Bon, tu vas me dire ce que j’ai à voir dans tout ça ? - Angel, s’il te plaît, me dis pas que tu comprends pas ! Ca fait bientôt vingt ans que tu erres comme un pauvre malheureux dans les rues de cette foutue ville, sans rien faire de ta vie. Et tout ça parce que ton passé te court après. Mon vieux, aujourd’hui je te donne la possibilité de racheter tes fautes et de te battre dans le camp des gentils ! Aujourd’hui, je t’offre la possibilité d’utiliser tes capacités de vampire pour défendre les Hommes et combattre les Démons plutôt que de tuer des innocents. - Je ne sais pas si je pourrais… - Bien sûr que si, tu peux ! Je serais pas venu te voir, sinon ! Ecoute, l’Exécutrice dont je te parle est des plus particulières. Sa vie sera totalement chamboulée, tu sais, et elle s’y accrochera, comme toutes les jeunes filles de son âge, en fait ! Son Observateur ne suffira pas à l’aider, elle aura besoin de gens comme toi pour l’aider… Des gens qui connaissent les ficelles et qui pourraient lui faciliter un peu la vie. En faisant ça, tu finiras bien par compter pour elle, à défaut de compter pour toi ! Tu deviendras quelqu’un…
Il termina sa part et en décolla immédiatement une seconde du plat qu’il engouffra en un rien de temps. De mon côté, je me mis à réfléchir. Sous son air désinvolte et familier, Whistler cherchait véritablement à me recruter dans les rangs du Bien. Il plaçait en moi quelque chose que je n’aurais jamais pu espérer retrouver après tout ce temps : la confiance.
Mes yeux dévièrent du vide pour regarder par la fenêtre, le ciel dont on ne voyait plus les étoiles. Quelque part, une jeune fille allait bientôt voir sa vie basculer dans un monde et sang et de mort, et j’avais la possibilité de l’aider. D’être là pour l’épauler dans sa mission lourde et solitaire.
Devenir quelqu’un…
Je caressai doucement cette pensée. Compter de nouveau pour quelqu’un… C’était si tentant. Mais je n’oubliais pas que je restais un monstre, une bête assoiffée de sang. Qui savait ce que je pourrais lui faire si je me retrouvais seul avec elle ? Affamé…
Whistler avait fini sa pizza et jetait une liasse inconsidérément fournie de billets sur la table. Connaissait-il seulement le prix d’une pizza ?
- Ecoute, je te laisse réfléchir à tout ça, okay ? T’as rien à perdre de toute manière, au vu de ton train de vie… Si t’es intéressé, tu la retrouveras devant son lycée, le Hemery High School, à Los Angeles, pour la sortie des cours. Le 02 juin, ce sera la fin de l’année, et la date à laquelle son Observateur viendra lui annoncer qu’elle est l’Elue.
Il disparut.
* * *
J’avais pris la route sans y croire vraiment. Cette histoire de rédemption en combattant le mal, dans le camp d’une Tueuse… J’avais du mal à y croire.
Et pourtant, je m’y accrochai. Je finis par me l’avouer, au volant dune vieille épave calfeutrée pour ne laisser entrer aucune lumière. Seul un trou dans le linge qui bouchait le pare-brise me laissait la possibilité de voir la route. Enfin… une portion.
Conduire ne m’avait jamais posé de problème. La nuit, rien de plus facile : ma vue et mon ouïe fines me permettaient d’anticiper les comportements des autres et les dangers qui pouvaient survenir. De jour, tout était plus compliqué. Mon champ de vision était réduit au minimum vital pour ne pas être brûlé vif par la lumière du jour. Je devais orienter judicieusement les rétros pour ne pas que la lumière du jour reflétée par les miroirs ne viennent me brûler les yeux… En clair, je conduisais à l’aveugle.
Mais je n’avais pas eu le choix, j’avais mis trop de temps à réfléchir sur cette proposition qui s’offrait à moi. Mes rêves délirants de rédemption étaient-ils à portée de main ? Si ce n’était pas le cas, Whistler avait malgré tout eu raison : avec le néant de vie que je menais, je n’avais rien à perdre. Et au fur et à mesure que mon esprit s’était convaincu seul de partir, je m’étais rendu compte à quel état de déchéance j’étais tombé. Ce ne fut pas pour autant que je me fit beau pour ce jour qui s’annonçait exceptionnel. Je voulais d’abord voir, avant de me decider définitivement.
Une fois la voiture aménagée, je m’étais installé à la place conducteur. Et avais réglé les rétroviseurs. Quoi que j’eusse fait une fois à Los Angeles, ma vie serait changé à jamais. En mieux, je l’espérais… J’avais alors claqué la portière, démarré la voiture, et passé la première.
Trois jours plus tard, les immeubles de Los Angeles m’apparurent. C’était le matin du 2 juin, j’étais presque en retard… Je trouvai sans trop de peine le Hemery High School, et me garai dans un coin à l’ombre, peu avant 15 heures. Je ne voulais rien rater de ce que m’avait dit Whistler.
Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence tendu. Puis, au loin, j’entendis les sonneries du lycée retentir. Il ne fallut que quelques seconds pour que les abords du lycée soient noirs de monde. Je me penchai un peu plus alors, cherchant frénétiquement la future Tueuse des yeux. Mais chaque enfant que je voyais respirait la banalité et la faiblesse.
Et tout à coup, elle apparut. Mirage au milieu du désert.
De longs cheveux blonds lisses, retenus par une barrette dorée, un débardeur blanc et rose orné de petites marguerites sur le col, une jupe plissée courte et des bottes qui lui remontaient aux genoux. Ses yeux marron-vert étaient soulignés par un léger maquillage noir et elle glissait entre ses dents une sucette rouge. Au vue des filles qui l’accompagnaient, elle devait être populaire, bien vue de tous…
Elle descendit les marches en rigolant d’une discussion que je n’entendais pas.
Elle échangea encore quelques mots avec ses amies avant de prendre congé. Elle les laissa partir et alla s’asseoir sur les marches. Quelques seconds plus tard, le petit home moustachu que j’avais pris pour un parent brisa son sourire en venant lui parler. Au fil de la discussion, je vis le visage angélique de la lycéenne se figer, et adopter une moue étrange. Elle demeurait immobile, une expression d’incompréhension et de confusion sur le visage, face aux révélations que lui faisait l’homme que je devinais être l’Observateur.
Alors cette petite silhouette fine allait devenir une Exécutrice ? Une tueuse de Vampires et de Démons, implacable, sans pitié ?
J’ignorais pourquoi, mais je me découvris une certaine affection pour elle. Etait-ce de la compassion, de la pitié ? Je ne savais pas, mais je me disais qu’on se ressemblait un peu : s’entendre dire qu’on était l’Elue, c’était un peu comme se faire mordre par un vampire : on ne s’y attendait pas et on ne comprenait pas. C’était étrange comme la vie pouvait basculer sur un simple mouvement de lèvres…
Le soir, j’arrivai une demi-heure en avance au rendez-vous que m’avait fixé Whistler via un post-it collé sur la porte de mon appartement. J’étais nerveux, impatient. Lorsque Whistler parut, dans le couloirs des égouts, je lui sautai presque sur le poil.
- Je veux l’aider, dis-je immédiatement. Je veux devenir quelqu’un.
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 17 Juin - 8:13
Chapitre Sixième : "A vampire in love with a Slayer. It's rather poetic... in a maudlin sort of way."
Maintenant j’avais un but. Une direction à prendre. Je savais ce que je devais faire de mon éternité, ou du moins ce passage de mon éternité qui croisait sa vie à elle.
Cette mission m’obsédait. Je visualisais tous les scenarii possibles d’une telle histoire. Mais en général, ils terminaient assez mal, aussi bien pour elle que pour moi. Je me mis à en rêver les rares fois où je trouvais la force de dormir, ou de somnoler.
La Tueuse… Cette femme – ce type de femme – que j’avais dû jurer de haïr et de détruire lorsque j’étais sans âme… Ce type de femme dont Spike avait triomphé déjà une fois avant que nous ne nous séparions…
Spoiler:
J’avais voulu rejoindre Buffy rapidement, avant la fin de sa scolarité à Los Angeles, en fait. Mais Whistler m’avait retenu.
- Pourquoi ? m’étais-je insurgé. Je suis prêt ! - Laisse-moi rire ! Tu n’es prêt à rien du tout ! Tu succomberas à ta soif dès qu’elle pourra surgir ! Buffy s’en sort bien pour l’instant, elle a un allié avec elle. - A quoi ça sert que je vienne, si elle a déjà un allié ? m’énervai-je.
Était-ce un frisson de jalousie que je venais de ressentir ? Non. Ce devait être l’impression que Whistler me menait en bateau. J’avais horreur d’être manipulé, et j’étais quasiment sûr qu’il le savait.
- T’emballes pas comme ça ! J’ai une mission pour toi. Je veux que tu ailles à Sunnydale, à deux heures de route au nord de Los Angeles. Je veux que tu creuses ton trou là-bas, que tu trouves des contacts, des gens qui t’aideront à t’installer. Je veux que tu repères les lieux et que tu prépares le terrain pour la petite. Mais plus que ça, je veux que tu te prépares. Je veux que tu mates le vampire qui est en toi, que tu le plies à ta volonté. Je veux annihiler toute possibilité qu’il se répète l’« incident » de ’76…
J’avais baissé la tête, comprenant enfin où il voulait en venir. Ce démon adorait jouer avec les cordes sensibles, mais il avait raison : à quoi pouvais-je bien servir si je me rabaissais encore à ce foutu appel du sang ? Si je risquais de tuer dès que j’entrais en contact avec un humain ? Un allié dont on se méfiait ne servait à rien.
Je devais être solide comme le rock.
Sans hésiter, je me rendis à destination et m’installais dans un petit appartement aménagé dans un sous-sol. Le propriétaire me regardait d’un œil louche, mais au fond de lui il s‘en fichait, tant que le loyer était payé, je pouvais faire ce que je voulais.
Mes journées furent alors consacrées à la lecture de nombreux volumes en tout genre, mais surtout à la pratique de différents exercices de méditation et de concentration. Des exercices introspectifs, l'entraînement à différentes techniques de combats…
La nuit, je m’affairais à visiter la ville, à en connaître les moindres recoins et ses ruelles les plus dangereuses. Petit à petit, je m’approchais également de ses habitants, pour tester ma capacité à supporter la soif, à reconnaître ses symptômes, à savoir quand est-ce que j’étais sur le point de craquer, à m’accoutumer aux signaux vitaux qui pulsaient dans ma tête, l’odeur universelle de l’hémoglobine qui excitait ma soif… D’abord je ne les approchais que brièvement, le temps de connaître l’heure ou d’avoir quelques cents pour des raisons diverses.
En quelques semaines, je connus parfaitement la ville et ses secrets. En quelques mois je fus parfaitement intégré, aussi bien dans le monde humain que dans le monde occulte.
* * *
J’ignorais comment Whistler le sut, mais Buffy s’en vint bien à Sunnydale. Elle et sa mère emménagèrent au 1630 Rivello Drive. Seules. Je constatais que l’allié qu’elle s’était fait à Los Angeles ne l’avait pas suivi. Le soir je reçus ma mission définitive de la part de Whistler, sur un post-it rose fluo collé à ma porte : « Sois prudent », furent les deux seuls mots que me laissa le démon de l’équilibre. Deux mots qui voulaient tout dire.
« Prudence est mère de sûreté » disait l’adage. Je devais veiller sur moi d’un double regard, mais aussi et surtout sur elle, et sur les autres, les humains de Sunnydale…
Le soir du premier jour au lycée de Buffy, je sortis prendre l’air en espérant la croiser. J’avais des informations à lui transmettre. Le monde occulte s’agitait d’une sinistre manière. Mon repérage dans la ville s’était révélé beaucoup plus utile que je ne l’aurais jamais espéré. Le programme des vampires se chargeait au fil des jours. Ma vieille connaissance qu’était le Maître était sur le point de ressortir de l’anti-chambre des Enfers, geôle malencontreusement créée par une tremblement de terre au début du siècle… Des prophéties lui offriraient de multiples moyens de retour si je ne prévenais pas Buffy.
J’avais suivi la silhouette petite et gracieuse de la jeune femme dans les rues, tandis qu’elle prenait la direction des quartiers mal famés. Je ne savais pas trop comment l’aborder, certain que mal m’y prendre m’assurerait son antipathie la plus sincère. Et puis… Je ne pouvais pas me rapprocher de trop près… je ne devais pas la mettre en danger, je ne pouvais pas m’impliquer de trop. Pas tout de suite en tous les cas. Elle bifurqua dans une rue sombre.
Le Bronze… C’était toujours là que se rendaient la majorité des lycéens et étudiants de la ville… La seule boîte de nuit qui valait apparemment le coup, ici.
Tout à coup, elle tourna dans une ruelle et je la perdis un instant de vue. Je la suivis sans réfléchir et arrivai dans un petit espace isolé. Elle, avait disparu. Pourtant son odeur était partout, je la savais proche. Je regardais aux alentours, pensant qu’elle s’était cachée derrière un bidon ou un amas de planches.
Un violent coup de pied me cueillit dans le dos, m’envoyant au tapis. La jeune fille s’approcha alors, me plaquant au sol du plat de son pied. J’avais horreur d’être pris par surprise mais pour cette fois, mon ego resterait en-dehors de l’histoire.
- Hé, il y a un problème, madame ? - Oui, il y a un problème : pourquoi vous me suivez ? - Je sais ce que vous croyez, mais ne vous inquiétez pas : je ne mords pas.
Ma mission prit le pas sur la mauvaise humeur que m’avait insufflé le coup violent porté dans mon dos. Je ne devais pas rater cette entrée en matière… Buffy retira son pied et s’écarta, me permettant de me relever. Je me remis debout et époussetai mes vêtements avant de la jauger rapidement.
- En vérité, je pensais que vous seriez plus grande, ou plus musclée, en tout cas. Vous êtes très énergique, néanmoins, admis-je en me massant la nuque.
La petite touche provocatrice dans ma phrase était volontaire. Ça et la désinvolture me semblaient la meilleure manière de m’adresser à elle : je donnais un air détaché tout en renseignant l’Élue comme je le devais.
- Que voulez-vous ? dit-elle en prenant une posture défensive.
Je vis que les réflexes étaient là. Elle avait entamé un entraînement avec son observateur, parfait !
- La même chose que vous. - D’accord. Qu’est-ce que je veux ? - Vous voulez les tuer. Les tuer tous… - Perdu ! Mais vous avez quand même gagné cette montre et un an d’abonnement au Turtle Wax ! Ce que je veux, c’est qu’on me fiche la paix !
Elle se détourna, prête à repartir pour le Bronze. Quoi, elle reniait sa mission ? Après tout ce qu’elle avait pu vivre ? Je devais lui ouvrir les yeux. Ma voix la retint :
- Vous croyez que vous avez encore le choix ? Ici vous êtes aux portes de l’Enfer… Elles sont sur le point de s’ouvrir.
Je glissai ma main dans ma veste pour dénicher l’écrin que je transportais avec moi. Je sortis une boîte violette de ma poche intérieure.
- Ne vous détournez pas de ça.
Je la lui jetai. Un crucifix en argent avec sa chaîne reposait à l’intérieur, cadeau de bienvenue dans sa nouvelle vie. Elle en aurait besoin… Je l’avais trouvé chez un marchand au noir, il vendait des objets magiques et amulettes pour se protéger des forces des ténèbres. L’objet était neuf, absolument intact. Dans un style épuré et sobre, je m’étais dis qu’il lui conviendrait parfaitement.
- Vous devez vous tenir prête. - Prête pour quoi ? dit-elle, agacée. - Pour la moisson. - Qui êtes-vous ? - Disons simplement que je suis un ami…
Je fis quelques pas vers elle. Elle demeura silencieuse quelques secondes. Je la dépassais et fis mine de sortir de la ruelle.
- Ouais, mais peut être que je ne veux pas d’ami ! - Je n’ai pas dit que j’étais le vôtre, lançai-je en me tournant une dernière fois vers elle.
Puis je disparus. J’empruntai les égouts pour traverser la ville plus rapidement et retrouver la sécurité de mon appartement. D’autres recherches seraient à faire, je devais faire fonctionner les quelques informateurs que j’avais pu me trouver, explorer des endroits particuliers, lire des grimoires et manuels pour m’informer sur les projets que pourrait ambitionner le Maître…
Mais le visage de la jeune fille restait gravé dans ma mémoire. Je repensais à notre première rencontre, l’imaginais se dérouler de mille autres façon différente, plus cordiale, plus brutale, plus formelle encore…
Je me remémorais son violent coup de pied dans le dos. Elle avait peut être une silhouette chétive, mais elle se battait déjà très bien… Allongé sur mon lit, un sourire s’étira sur mes lèvres : je n’avais pas de mouron à me faire si elle tombait sur des humains peu recommandables… Mais quelque chose me tracassait. Elle n’acceptait pas encore sa mission, elle ne se résolvait pas à engager le combat contre les Forces des Ténèbres. Si sa méfiance et sa volonté n’étaient pas assez éveillées, elle pouvait être surprise par tout et n’importe quoi. Et qui savait ce qui pouvait surgir de l’ombre pour s’en prendre à la Tueuse…
Nos rencontres suivantes se firent toutes sur le même ton. On se retrouvait brièvement, dans un coin du Bronze généralement, et quand elle cherchait à dévier le sujet sur moi, je la mettais en garde du prochain danger qui risquait d’avoir raison de sa personne. Je tâchais de prendre soin d’elle, sans pour autant m’impliquer dans une relation plus intime. Je n’oubliais pas qui j’étais…
Mais petit à petit, je me rendis compte comme l’affection que je lui portais grandissait en moi. J’aimais ce petit bout de femme un peu perdu, mais dont la volonté balayait tous les doutes. Alors je m’évertuais à lui rendre la vie la plus facile possible, quand bien même je demeurais le présage désagréable de nouveaux ennuis.
Je fus content de savoir qu’elle aimait le nom que je m’étais donné. Je pouvais encore entendre sa voix chantonner ces deux syllabes dont elle ne connaissait absolument pas la signification. Et je priais pour qu’elle n’ait jamais à le savoir…
Notre relation se construisit sur un rapprochement mutuel. De « collègues », - comme je l’avais dit à son copain, Owen -, nous devînmes plus intimes, contre toute attente. Rapidement, j’oubliais les quelques piques qu’elle avait pu me jeter, les remarques désagréables, son esprit rebelle et désinvolte… J’apprivoisais cette belle jeune fille…
A moins que ce ne soit moi qui fut apprivoisé par elle ?
Un soir, je la suivis au Bronze pour essayer de lui parler. Je savais que me tenir loin d’elle était la meilleure solution, mais j’en étais incapable… la passion était ce qui nous rendait vivant et nous tuait à la fois. Tant par sa présence chaude et enivrante que par son absence qui laissait un vide glacial au fond de nous.
Rencontrer et côtoyer le Tueuse avait fait palpiter quelque chose qui ressemblait vaguement à un cœur. Bien sûr je n’avais pas pu ressusciter, c’était impossible, mais je sentais dans mon âme que quelque chose d’agréable et de chaleureux remplaçait ce vide glacial qui m’étreignait depuis des siècles.
Alors j’avais décidé de lui parler ce soir-là. L’avertir encore une fois, de ce danger potentiel… Si je l’aimais, je devais la prévenir de cela, mais aussi du risque qu’elle encourait de me fréquenter encore. Je la contemplais discuter avec Willow et Alex, au Bronze, je pouvais entendre ce qu’ils se disaient… Elle avait aussi des sentiments pour moi… Mais j’étais bien trop absent, trop intermittent pour engager quoi que ce soit. Était-ce une bonne chose ? Je l’ignorais. Je la suivis lorsqu’elle quitta la boîte de nuit, sans penser une seule seconde à ce qui allait se passer…
Quelques minutes plus tard, elle se faisait attaquer par le Trio et je l’aidais à s’enfuir. Nous nous réfugiâmes chez elle. Au fil de la soirée, les langues de délièrent un peu et nous nous retrouvâmes tout deux dans un petit cocon de tranquillité qui me paraissait imperturbable. Sauf si sa mère s’était aperçu que je dormais chez elles en catimini…
Le lendemain, j’étais resté caché dans l’armoire, à lire et à surveiller les activités de la maison. Le soir, Buffy rentra. Elle avait l’air heureux de me retrouver. Sa simple présence me réchauffait le cœur. Elle m’accueillit avec un sachet plastique où se trouvait de la nourriture. C’est vrai que j’aurais dû avoir faim au cours de la journée… Je devais avouer que pour cette fois c’était une chance…
- Je t’ai apporté un dîner. Ca manque un peu de couvert. Désolée !
Je regardai les aliments un instant. Avaler tout ça ne m’aurait pas dérangé, mais ça ne m’aurait jamais nourri convenablement… Et puis j’avais beaucoup d’autres choses en tête…
J’avais lu quelques livres de sa bibliothèque, recroquevillé dans un coin de sa chambre où sa mère ne m’aurait pas trouvé. Mais mes lectures étaient troublées par ce rapprochement trop fulgurant entre elle et moi. J’étais dans sa maison, dans sa chambre, en train de livre à elle, humant en permanence le parfum qu’elle dégageait et qui imprégnait chacune de ses affaires… Je l’aimais. Oui, je devais bien me l’avouer. La vieille mécanique de mon cœur s’était remise en marche.
Pire. C’était un sentiment encore tout inédit. Depuis que je déambulais dans le monde, j’avais eu des contacts avec des filles. Lorsque j’étais Angelus, je les faisais souffrir, je souillais leur corps comme il me plaisait. Mais lorsque je n’étais encore que Liam… Eh bien les faits étaient presque les mêmes, je me contentais d’une nuit avec elles. Je les prenais et les jetais comme bon me semblait, me débarrassant d’elles lorsqu’elles cherchaient à avoir une once de pouvoir sur moi.
Non. Je n’avais jamais Aimé. Jamais comme je l’Aimais, elle. Avec toute cette volonté de partage et de relation saine, équilibré. Cet Amour si rare qui pouvait durer le temps d’une vie entière…
Et ce constat éclatant m’avait tourné dans la tête toute la journée. Et les questions qui s’imposaient à la suite de ça vinrent rapidement entacher ces petites visions où je l’imaginais contre moi, la chaleur de sa peau réveillant la mienne. Son regard vif et lumineux plongé dans les ténèbres du mien… Sa peau si douce sous mes doigts…
Mais voilà : j’étais un vampire. Elle était la Tueuse. Par définition je ne pouvais rien tenter avec elle… Et d’autres facteurs tout aussi contre-nature venaient peser dans la balance : notre différence d’âge, trop importante de plus de dix ans (et de deux cents cinquante-quatre ans si on tenait compte de ma nature), notre manière de vivre…
Je l’aimais comme un fou, oui, depuis ce jour où je l'avais vu à Los Angeles. Je le comprenais enfin. Mais rien ne pouvait fonctionner entre nous… J’étais trop âgé, elle était trop jeune. J’étais dangereux, elle était encore si innocente… Et j’étais un vampire et elle était la Tueuse.
Je devais m’éloigner d’elle avant que nous n’en pâtissions tous les deux.
- Alors qu’est-ce que tu as fait toute la journée ? - J’ai lu un peu. Et… j’ai pensé à tout un tas de choses. Buffy, je…
Mais la jeune fille tournait la tête vers sa table de nuit.
- Mon journal ? Tu as lu mon journal ? lança-t-elle en allant le cacher sur l’étagère du dessous. Ca ne va pas, ça ! Un journal, c’est comme la propriété la plus privée de quelqu’un ! Tu ne sais même pas de quoi je voulais parler ! « beau gosse » peut vouloir dire beaucoup de chose ! des mauvaises choses ! Et… et quand je disais que tes yeux étaient pénétrants je voulais dire… bombés !
- Buffy, je…
Mais impossible de l’arrêter, elle était décidée à justifier tout ce qu’elle avait pu écrire et que je n’avais pas lu. Je cherchais à l’arrêter, mais le voulais-je vraiment ?
- Et A ne remplace pas forcément Angel. Ca remplace Achmed un étudiant d’un échange avec l’étranger. Et cette partie sur mon rêve n’a absolument rien à voir avec toi ! [/color] - Buffy, ta mère a déplacé le journal quand elle est venue ranger ta chambre. Je l’ai vu faire. Je ne l’ai pas lu, je le jure. [/color]
La jeune fille resta interdite une seconde.
- Oh !... Oh…
Ses yeux cherchèrent le sol, l’embarras dessinant sur son visage une moue adorable. Mais je tentais de passer outre toutes ces révélations et repris là où elle m’avait coupé, avec tout le calme dont je pouvais faire preuve :
- J’ai beaucoup réfléchi aujourd’hui. Je ne peux vraiment pas rester près de toi. Parce que quand je suis… - Hey… Non… De l’eau…sous le pont… - Quand je le suis… Tout ce que j’arrive à penser est à quel point j’ai envie de t’embrasser. - … M’embrasser ?
Malgré sa tentative de noyer le poisson et de ne pas m’entendre lui parler de détachement et autre chose désagréable – encore -, elle avait écouté d’une oreille ce que j’avais à lui dire. Maintenant j’avais son attention.
- Je suis plus âgé que toi et cela ne pourra jamais…
J’inspirai encore pour terminer ma phrase, mais les mots me manquaient. Je ne voulais moi-même pas y croire vraiment. Ça me faisait mal…
- Je ferais mieux d’y aller, conclus-je. - De combien plus âgé ?
Mais voilà, nos yeux s’étaient accrochés. Ceux de Buffy étaient grands ouverts, brillants d’une lueur si belle dans l’obscurité. J’étais subjugué. Pris au piège dans les iris de cette jeune fille.
- Je devrais… - …partir… tu disais.
Elle s’approcha de moi sans que j’ai la force de la repousser. Elle me gardait captof dans ses yeux si grands et son regard si innocent, de jeune Tueuse en mal d’Amour… Comment pouvais-je résister ?
Ma main monta jusque sur son cou sentir la veine palpiter dans sa gorge. Les battements de son cœur, maintenant qu’il était si proche, étaient entêtants. Ses lèvres s’aimantèrent aux miennes sans que nous ayons tout deux la force de résister. La saveur des siennes était irrésistible. Je me laissai aller à ce baiser fortuit, savourant les plus précieuses secondes que je n’avais jamais vécues. La douceur mena la danse avant que le désir ne s’invite, intensifiant les battements de cœur de Buffy. Je glissai une main dans ses cheveux, elle passa un bras autour de mon cou…
La passion embrasa nos cœurs et nos corps. Une chaleur malsaine montait en moi. Je ne devais pas…
...Stopper, je devais stopper ça avant de devenir fou.
Je me fis violence pour arracher mes lèvres aux siennes. Je me penchai dans l’ombre. Reprendre mes esprits. Mais elle était toujours là, me demandant ce qui n’allait pas. Elle ne comprenait pas, pas encore. Je me redressai tout à coup, le visage déformé par ce rictus caractéristique, poussant un grognement du fond de ma gorge.
Le visage de ma Buffy se décomposa pour arborer une expression de terreur. Une terreur indicible. Et tandis qu’elle lâchait un hurlement aigu d’horreur, je bondis par la fenêtre.
Je glissai sur le toit et m’accrochai à la gouttière pour orienter ma chute. Et retournai me perdre dans le voile de la Nuit…
Lorsqu’au petit matin je revins chez moi, je fus accueilli par Darla. Elle me tourna autour comme un vautour reluquant la carcasse mourante d’un animal blessé. Blessé, je l’étais. Elle le savait, à croire qu’elle avait suivi notre soirée… Elle me chantonna les douces louanges de la vie du côté du mal, me faisant comprendre que Buffy ne voudrait jamais d’un monstre qui singeait la vie d’un humain. Elle me harcela comme les charognards qui venaient donner des coups de becs à leur futur repas, tâtant sa chair et sa vie pour savoir s’il allait bientôt rendre l’âme. Elle partit en me rappelant que la Maïtre et elle-même seraient toujours là pour m’accueillir comme j’étais…
Le soir même, j’étais sorti avec l’idée stupide d’être écouté par la Tueuse. Buffy aurait pris le temps de m’écouter, de me laisser m’expliquer. Ou peut être pas. Si elle n’était pas chez elle ? Elle était peut être même en patrouille, avec l’idée ou l’intention de me tomber dessus et de me crever le cœur.
J’allais frapper à sa porte, me retins, songeai que c’était idiot, renonçai… J’allais partir quand j’entendis des hurlements résonner. Je passais par la porte arrière pour surprendre Darla tenant Joyce dans ses bras. Je la sommai de la laisser tranquille. Elle me jeta son corps encore chaud dans les bras, me rappela comme le sang frais était délicieux et s’en alla, me laissant face à ce cruel choix. La Bête au fond de moi réclamait sa dose, elle me griffait l’estomac et hurlait comme la tentation était grande. Le cœur de Joyce battait lentement, signe qu’elle était inconsciente. Mais bien vivante.
Je me retrouvai soudainement plongé dans les années soixante-dix. Benji et sa gorge ouverte par une balle… La situation était la même : je n’avais qu’à me servir…
Je remuai la tête, cherchant à maîtriser la soif. Je me penchai sur le cou de Joyce, regardai le sang perler sur sa peau…
Non, je ne devais pas. Je ne pouvais pas. Mais le destin voulut que Buffy arriva à ce moment-là, me prenant en flagrant délit. Quelques secondes plus tard, j’avais lâché le corps de Joyce et volé par la fenêtre jusque sur la pelouse. Les mots de la Tueuse furent autant de pieux que je sentais plantés dans mon âme. Je repartis encore une fois, en courbant l’échine.
Et encore une fois, Darla était chez moi pour me réceptionner et faire rugir la bête. Elle susurrait des mots à mon oreille qui attisait ma rage, cette nature profonde et écœurante de tueur qui rôdait derrière les barreaux de la cage que je lui avais mentalement construite. Elle ronronnait en écoutant les suggestions de la vampire, réclamait à accomplir son plan qui devait nous mener, Buffy ou moi, à la mort.
J’avais compris l’idée qu’elle avait derrière la tête. Mais, personnellement, je voyais en la confrontation qu’elle proposait l'épreuve ordalique qui ferait bifurquer les existences de chacun de nous. Buffy et moi nous retrouverions au Bronze après sa fermeture.
Nous nous battrions, et l’un de nous ressortirait vainqueur de ce combat : elle, la Tueuse, qui aurait exterminé l’un des pires vampires que la Terre ait porté, et alors je pourrais définitivement faire face à la mort. Ou bien moi, sous le coup de la faim, de la rage et de la colère. Victorieux face la Tueuse qui s’en serait pris à moi…
Mais qu’importe le vainqueur, la vie de celui-ci serait remplie de remords. Les choses devaient être tirées au clair et la rencontre aurait lieu.
Je retrouvai Buffy au Bronze et dévoilait mon véritable visage, énonçai quels crimes horribles j’avais commis, parlais ensuite de la malédiction, avec la bohémienne et le clan Romanichelle…
Nous nous battîmes brièvement, et je crus pendant un moment qu’elle aurait le courage de m’enfoncer une flèche de son arbalète dans le cœur. Elle ne le fit pas et nous nous retrouvâmes, bien que l’amertume teintait encore notre lien. Et ce fut Darla qui trancha pour nous, en s’en prenant à Buffy.
Reparti dans l’ombre, je dus faire un choix. Darla, ma seule attache au passée, ou Buffy, symbole tremblotant du présent ou de l’avenir. Les deux femmes se battaient ardemment l’une contre l’autre. Passé sanglant contre futur incertain.
Soudainement, je surgis de l’ombre, une arme de fortune à la main.
Le bois pointu s’enfonça dans les côtes de Darla, sous les yeux de Buffy.
Par cette « simple » action, je venais de prouver mon allégeance au Bien, ma volonté de combattre aux côtés de la Tueuse et de ses amis. Mais je venais aussi de détruire un autre pan de cette histoire sombre qui était la mienne et qui me poursuivait depuis des siècles.
Darla, l’un des quatre piliers de ma vie de naguère venait de tomber en poussière à mes pieds.
Le soir suivant, j’avais retrouvé Buffy à l’endroit même où je l’avais quitté, la laissant méditer sur ce que nous avions pu nous dire et ce que j’avais fait. J’avais pris ma décision, à elle de voir si elle l’acceptait, si nous étions condamné à nous fuir, ou à nous rejeter…
Nous discutâmes un peu, concluant tout deux qu’il était trop dangereux de se revoir, de s’aimer au grand jour, trop de dangers guettaient des gens comme nous, aussi bien du côté de Buffy que du mien. J’étais trop dangereux, moi-même, pour elle, trop instable, encore, trop…
… sous le charme du baiser qu’elle me vola sans que je refuse, sans que je sourcille, que je lui donnais volontiers, entier, sans regret ni assentiment, sans… faire attention à la marque brûlante que son crucifix apposait sur ma peau.
Les semaines suivantes, je me fis des plus discrets, mais demeurais auprès de Buffy, pour veiller sur elle. Je me forçais à ne pas l’approcher, c’était trop difficile, trop douloureux.
Savoir qu’en une seconde je pouvais lui faire du mal, cédant au mal qui grondait en moi… Je ne devais plus la fréquenter, c’était trop dangereux. Quand bien même elle obsédait mes rêves, éclipsant les fantômes, son parfum entêtant imprégnait une partie de mes affaires… Elle était partout et nulle part… Mais je devais me reconcentrer sur ma mission : aider la Tueuse dans sa tâche.
Alors un soir, je vins trouver la personne la plus à même de m’écouter sur les dangers qui couvaient : son Observateur, Rupert Giles. Notre conversation dévia bien rapidement sur les traditions des Tueuses et le cruel manque de documentation de l’Observateur.
- J’ai étudié les œuvres encore existantes, bien sûr. Mais les publications les plus frappantes sur les Exécutrices ont été perdues. Le Manifeste de Tberius, le Pergamum Codex. - Le Codex ? - Il est réputé pour donner les renseignements les plus précis sur le rôle des Elues. On pense que le grimoire a été égaré au XVème siècle. - Dérobé. Pas égaré. Je peux l’avoir. - Oh…Cela pourrait être très utile. Mes propres documents sont… plutôt obsolètes. - « La Légende de Vishnu »… lus-je en me penchant sur les livres qu’il tenait en main. - Il y a… une fille invisible qui…qui terrorise le lycée. - Ce n’est pas vraiment mon… domaine… - Ni le mien j'en ai peur. C’est cependant fascinant. Malgré tout c’est… c’est un extraordinaire pouvoir à posséder.
Giles semblait impressionné par le don qu’avait pu développer la fille dont il me parlait. Pour ma part, j’étais loin de son avis :
- Oh, je ne sais pas. Regarder les miroirs tout les jours et ne rien y voir… Rien d'extraordinaire…
Et je savais ce que je disais… Comment se sentir puissant et important – comment se sentir quelqu’un, vivant ? – lorsqu’on ne pouvait même pas voir son propre reflet dans une glace où sur le reflet d’une vitre ? J’ignorais à qui il avait affaire, mais je plaignais cette fille dont la solitude devait être la plus absolue…
* * *
Quelques temps plus tard, Giles employa le morceau de papier sur lequel j’avais indiqué un numéro où me joindre, et me somma de venir le voir à la bibliothèque. Sa voix ne laissait rien présager de bons, et j’étais loin de me douter de ce qu’il allait me dire : une prophétie du Codex annonçait que Buffy allait affronter le Maître, guidée par le Consacré. Je ne sais si c’était l’émotion qui guida mes mots, mais je ne pus le croire. Je lui demandais plusieurs fois confirmation de ce qu’il avançait, si ses traductions étaient bonnes... Lorsqu’une prophétie prédisait la mort de la Tueuse, il valait mieux être sûr de soi…
Mais trop préoccupé par l’urgence de la situation, je n’avais pas senti Buffy entrer et nous écouter… Un éclat de rire tira les deux hommes qui tenaient le plus à elle de leur spéculations.
Je lançais un regard à Giles, résigné et désespéré. Buffy avait entendu le plus crûment du monde la prophétie qui nous affolait. Nous la retrouvâmes dans la bibliothèque, perdue entre le désespoir et la révolte.
- Alors c’est ça, hein ? Je connais la chanson : un Tueuse meurt, une autre est appelée ! Je me demande qui ce sera… Est-ce que vous allez l’entraîner ? Ou bien ils enverront quelqu’un d’autre ? - Buffy, je… tenta de rétorquer Rupert. - Est-ce que ça dit comme il va me tuer ?...Vous pensez que ça va faire mal ?
Sa voix si faible me fendait le cœur. Ses larmes m’étaient insupportables. Je voulus m’approcher, la prendre dans mes bras, la consoler… L’emmener loin d’ici…
- Ne me touche pas !
Elle refusa, partant se réfugier derrière une des tables. Elle darda alors son regard vers Giles.
- Vous comptiez me le dire ? - J’espérais ne pas avoir à le faire, qu’il y avait…un moyen de contourner ça. - J’ai un moyen d’éviter ça : je démissione. - Ce n’est pas si simple, soufflai-je.
Je l’aurais voulu. Mais la vérité était que non. Etre une Tueuse était quelque chose d’intrinsèque, une nature qu’on ne pouvait renier… Que personne ne pouvait. Comme une âme. La rage au cœur, elle se débattit pour trouver sa liberté.
- Eh bien, je fais simple : je démissione ! Je me résigne, je suis finie ! Trouvez quelqu’un d’autres pour empêcher le Maître de gagner ! - Je ne suis pas sûr que quelqu’un d’autre y arrive. Tous les signes montrent… - Les signes ? Lisez-moi les signes !! Dites-moi la bonne aventure !! hurla-t-elle en fracassant des livres contre le mur juste à côté de l’Observateur.
Je sentais sa colère et sa tristesse, mélange subtil des émotions dont résultait le désespoir. Son cœur battant la chamade, son sang bouillonant dans ses veines, les larmes chaudes qui coulaient sur ses joues, des larmes d’une rage folle, d’une envie désespérée de liberté et de normalité.
- Vous êtes si utile, assis là avec tous vos livres ! Vous êtes vraiment d’une grande aide ! - Non, je ne pense pas que je le sois. - Je sais que c’est dur… tentai-je une nouvelle fois avec l’intention de lui expliquer calemement. - Qu’est-ce que t’en sais ? Tu ne vas jamais mourir ! - Tu crois que je veux quoi que ce soit de ce qui doit t’arriver ? Tu crois que je le supporterais ? Il faut qu’on trouve un moyen… - Je l’ai déjà trouvé. Je démissione, tu te rappelles ? Ne l’oublie pas !
Pensait-elle vraiment que je pourrais continuer à vivre ainsi, avec sa mort dans ma mémoire ? Elle était tout ce que j’avais, tout ce qui me rendait vivant. Si elle mourrait, je mourrais aussi, d’une certaine manière. - Buffy, si le Maître se libère… - Je m’en fiche ! cria-t-elle en arrachant son crucifix. Je m’en fiche… Giles… J’ai tout juste seize ans… Je ne veux pas mourir…
Ce fut au milieu des gorges serrés et des espoirs brisés qu’elle quitta la pièce. Provoquai-je un autre désastre ? J’aurais tout donné pour pouvoir la serrer dans mes bras, en cet instant si tragique et sécher ses larmes, apaiser son cœur affolé… Je m’en voulais de ne pas avoir pu lui expliquer calmement… Ce fut la mort dans l’âme que je repartis vers ma tanière. Le destin s’acharnait-il sur elle ? Sur nous ? Notre destin était-il donc de mourir un peu plus de chagrin à chaque coup que portaient nos ennemis ?
Assis dans mon fauteuil, je retournais la situation dans tous les sens, et rien n’aboutissait de mes réflexions, aussi profondes fussent-elles. Comment pouvais-je me faire à l’idée que j’allais perdre ma Tueuse – ma si jeune Tueuse – dans les jours prochains ? Je n’arrivais même plus à me nourrir. La Bête grondait mollement, terrifié par un sentiment plus fort qu’elle. Je ne ressentais même plus la soif…
La nuit suivante, quelqu’un frappa à ma porte. Alexander Harris… L’un des deux clowns qui accompagnait Buffy, venait me demander un service. Il m’annonça que la Tueuse était partie affronter le Maître, comme le voulait la Prophétie. Et… Il voulait la retrouver.
- le Maître te tuera avant même que tu n’aies émis le moindre souffle… si tu es chanceux.
Que cherchait-il à faire ? A me provoquer chez moi ? Il transpirait de lui une affection profonde pour Buffy et son ton agressif (en plus de la croix qu’il me mit sous le nez sans crier gare), dénotait d’une méchante jalousie et d’une antipathie certaine pour moi.
- Je ne t’aime pas. En fin de compte, je préfère penser que t’es un vampire. Mais Buffy à cette envie dingue à ton propos : elle pense que tu es une vraie personne. Et maitnenant j’ai besoin que tu me prouves qu’elle a raison.
Qu’est-ce qu’il voulait au final ? M’impressionner ? Se convaincre de son utilité en se jetant dans la gueule du loup ? Faire montre d’un courage et d’une virilité qui n’étaient encore en lui qu’à l’état embryonnaire, voire inexistante ? Je me serais volontiers moqué de lui si l’heure n’avait pas été aussi grave, et s’il n’avait pas été un ami de Buffy armé d’un crucifix et sûrement d’un pieu.
- Tu l’aimes… constatai-je à haute voix. - Pas toi ? répliqua-t-il sur un ton glacé.
Aussi fou que cela puisse paraître, je cédais à sa demande. A vrai dire je n’avais pas vraiment le choix. Je le guidais jusqu’au tombeau où se trouvait le repère du Maître. Cet imbécile avait malgré tout trouvé le moyen de me redonner un brin de courage. Agir… S’il ne savait faire que ça sans réfléchir, il me complétait habilement pour cette fois.
Malheureusement nous arrivâmes trop tard. Bien que ce ne fut jamais visible de l’extérieur, je tremblais jusqu’au fondement de mon âme en voyant la silhouette gracile de Buffy flotter dans une marre d’eau sale. Face contre terre, elle avait dû… se noyer.
Je l’avais tiré de l’eau et prise contre moi pour la réchauffer. Sa peau était froide et trempée. Je regardais son visage inanimé en me répétant que ce n’était pas possible, que je ne pouvais pas vivre une telle horreur. Mes fantômes n’avaient plus rien d’effrayants et s’étaient vite terrés dans mon inconscient face à cette scène improbable.
Je cherchai son souffle avec mon oreille, pris son pouls à son poignet. Alex arriva à ma suite.
- Elle est morte, m’entendis-je dire à son ami. - Non… Non, elle n’est pas morte. - Elle ne respire pas ! - Mais si elle s’est noyée, on peut tenter le massage cardiaque.
Evidemment, on pouvait essayer. Encore une fois, cet idiot ravivait tout l’espoir qui se perdait en moi. Je m’accrochais comme un fou à cette possibilité insensée.
- Tu dois le faire. Je n’ai pas de souffle.
Nous échangeâmes nos places et Alex s’activa pour ranimer Buffy, faisant entrer de l’air dans ses poumons, forçant la circulation de son sang… Mais de là où j’étais, je n’entendais rien. Je ne sentais rien. A mes sens de vampire, Buffy était belle et bien…morte.
Mais une seconde plus tard, la jeune fille avait ouvert les yeux en grand, inspirant une grande goulée d’air. Alex et moi nous concertâmes du regard, mais je doute qu’il ait pu voir combien je lui étais reconnaissant de l’avoir sauvée.
Cet énergumènes ne savait pas faire quoi que ce soit d’utile, se battre, lire les encyclopédies, ou bien ne pas mettre de bâtons dans les roues des autres, mais pour cette fois, je devais admettre que je n’aurais jamais pu faire ce qu’il avait accompli : rendre la vie, « simplement » en insufflant de l’air dans les poumons de la Tueuse. Chose dont j’étais incapable…
Par la suite, nous accompagnâmes Buffy jusqu’aux portes de l’Enfer, où elle vainquit sans mal le Maître. Plus forte que jamais elle ne l’avait jamais été.
Mais plus seule aussi.
Comme toute personne passée entre les mains de la Mort, et peut être un peu… comme moi.
Angel
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Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Lun 23 Juin - 21:45
Chapitre Septième : “Loneliness is about the scariest thing there is. »
Après ce premier électrochoc, l’équipe fut plus soudée que jamais. Bien que je ne compris jamais ce que Xander etWillow faisaient là, ils demeuraient visiblement des elements importants de l’équipe et nous dûmes tous faire avec.
Spoiler:
Et de mon côté je dus encaisser le contre-coup de la mort momentanée de Buffy à l’occasion de son combat contre le Maître. Elle me rejeta violemment, ne voulant sans doute plus avoir de vampires dans son entourage. Je pouvais comprendre son geste, elle était bouleversée, perdue. Seule. Elle était peut être ivre de vie, désireuse de vivre tout ce qu’elle avait faille rater, la fête, la musique, l’amour…
Un soir nous nous retrouvâmes dans une ruelle derrière le Bronze. J’avais besoin de m’expliquer avec elle, de comprendre ce qui la poussait à ce genre d’extrémité dans son comportement dépensier et fêtard, absolument puérile et capricieux. Mais là, la discussion vira à l’affrontement verbal, puis à une provocation. Buffy eut le dernier mot en demandant avec toute l’assurance du monde qui de nous deux gagnerait si l’on devait se battre. Mais sa question en recontra que mon silence. Qu’essayait-elle de faire ? Je la suivis néanmoins lorsqu’elle retourna au Bronze. Et elle le savait, car elle s’avança sur la piste de danse, droit sur Xander, avec qu’il elle flirta ouvertement, et dansa avec une sensualité indécente sur le rythme endiablé de la musique. Sous mes yeux médusés… Et ceux de Willow.
Je me serais volontiers pincé, ou frappé la tête contre un mur pour me réveiller de ce cauchemar, mais je savais pertinnement que je ne faisais jamais ce genre de rêve, que je ne dormais pas beaucoup en général. Alors… Pour éviter un accroc sauvage, et pour ne pas perturber la soirée de plusieurs centaines de personnes, je décidai de tourner les talons. Même s’il demeurait en moi le désir profond de virer cet idiot de la piste et de chercher à comprendre le comportement de Buffy. Un frisson m’avait parcouru… De la jalousie ? Certainement pas…
Mais la situation finit par redevenir “normale”. Dans l’Ombre, le Consacré avait reprit la tête de l’ordre d’Aurélius, et employait désormais ses sous-fifres à remettre la main sur le squelette du Maître. Ce fut après un rude combat que Buffy put sauver Giles, Willow, Cordelia et Jenny, avec moi pour l’épauler, et qu’elle put enfin détruire le squelette du Maître avant que le rituel de resurrection ne soit accompli. Le fantôme du Roi des Vampires ne pesant plus sur les épaules de ma petite Tueuse, celle-ci se tourna alors vers moi et fondit en larmes dans mes bras. Je l’accueillis sans aucune rancune pour ce qu’elle avait pu faire auparavant. Elle me semblait maintenant exorcisée de son malheur, ce traumatisme pesant que fut pour elle son passage par le trépas.
Alors, je pus retrouver ma Buffy, qui fut d’abord une silhouette secouée de sanglots entre mes bras protecteurs. Je l’entourais au mieux, au fond de cette usine désaffectée, froide et sombre, ne voulant laisser filtrer aucune pensée d’insécurité.
Plus tard, nous eûmes affaire à une de ses anciennes connaissances : Billy Fordham. Aupravant un ami de Buffy alors qu’elle était au lycée de Los Angeles, il était venu de son propre chef à Sunnydale pour terminer ses etudes supérieures. Rapidement je sentis chez lui quelque chose de louche. Il avait quelque chose derrière la tête, j’en étais certain. Mais évidemment, tous les autres étaient subjugués par de garcon qui en savait énormément sur la jeune fille, étalant sa vie privée au grand jour, sans aucun regard pour le respect ou les secret. Et ce que je trouvais plus révoltant que tout, c’était que ma Tueuse se rapprochait de lui malgré tout…
Je dus solliciter avec patience la jeune amie de Buffy : Willow, pour m’aider à faire la lumière sur ce type qui se mettait à tourner assez intensément autour de Buffy. Evidemment, elle ne me prit pas vraiment au sérieux au début, ce qui nous amena à avoir une petite discussion, elle et moi : - Euh… Angel ? Si je dis quelque chose que tu ne veux vraiment pas entendre, tu promets de ne pas me mordre ? - Tu vas me dire que je suis jaloux ? - Ben, des fois tu agis tout comme si tu l’étais. - Tu sais, je ne l’ai jamais été, auparavant. Les choses étaient vraiment simples : pendant des centaines d’années, juste s’accrocher, se sentir coupable… J’aiguisais vraiment mes capacités à broyer du noir. Puis elle est arrivée. Ouais, je suis jaloux. Mais je connais les gens. Et mon petit doigt me dit que c’est un mauvais type.
Ce fut sans doute ce qui la convainquit. La jalousie était un sentiment nouveau pour moi, que je ne connaissais que depuis que je fréquentais Buffy. La Passion…
Notre enquête à tout deux nous amena à découvrir les réelles intentions de Billy qui état d’échanger la vie de la Tueuse contre l’immortalité.
A Spike et Drusilla, éviemment. Mes anciens “compagnons de voyage” étaient revenus en ville…
Buffy dut alors affronter les deux vampires et empêcher la secte à laquelle participait Billy de se faire dévorer par les deux vampires. Elle eut également à tuer Billy lui-même, qui avait pu passer le rituel de transformation en vampire, pour “sauver sa vie”.
Peu de temps après la rentrée scolaire, une nouvelle Tueuse arriva en ville : Kendra Young. Je faisais visiblement partie de son tableau de chasse car elle s’en prit rapidement à moi et à Buffy. La Seconde Tueuse et moi nous combattîmes avec hargne et forces, mais elle finit par me cloîtrer comme une bête, dans une cage qui finirait par être exposée aux rayons du soleil.
Le plus gros problème ne demeura néanmoins pas cet affrontement et ce piège dont je fus rapidement tiré, mais bien le rituel que Dru’ et Spike avaient organisé pour que je vienne nourrir les pouvoirs et restaurer la santé de Drusilla alors affaiblie. Buffy et Kendra vinrent à mon secours, unies dans l’adversité, et me sauvèrent du funeste destin qu’on réservait aux sacrifices. Ceci terminé, Kendra repartit vers un autre horizon et je retrouvais une Buffy profondément change par cette rencontre.
Le 19 janvier de l’année suivante, pour les dix-sept ans de Buffy, nous nous retrouvâmes sur les docks de Sunnydale. Mon devoir était alors d’emporter et de dissimuler un morceau de la dépouille du Juge. J’ignorais combien de temps je partirais, combien de jours, semaines ou mois je devrais rester loin d’elle, et je ne voulais pas laisser derrière moi sans rien pour nous rappeler ce que nous étions l’un pour l’autre. Alors que nous étions sur les quais, sur le point de nous dire au revoir, je lui offris un petit écrin qui renfermait un bijoux traditionnel de l’île d’Emeraude : une bague de Claddagh. Bijoux qui se portrait comme une alliance, il nous rappèlerait notre lien, qu’importe l’heure et le lieu.
Un Amour puissant, tabou, mais indéfectible.
La bague ne me quitta plus par la suite, ornant mon annulaire gauche comme une promesse éternelle. Mais nos plans furent contraries, les larbins de Spike réussirent à récupérer le morceau du Juge que j’avais en ma possession et ils allaient les assembler pour réveiller ce démon plus vieux que je ne le serai jamais. Nous ne pûmes empêcher son réveil et le combattre se révéla une véritable épreuve, épreuve à laquelle nous échouâmes. Nous dûmes alors nous cacher, et ce fut tout naturellement que je lui proposais de venir chez moi.
Ce fut là que tout bascula.
Encore une fois.
A l’abri dans ma tanière, Buffy et moi nous livrâmes à notre Passion, nous donnant l’un à l’autre pour une nuit. Tous mes rêves semblaient devenir réalité dans cet acte absolu, intense et confus. Mon esprit fut innondé de sensations, d’impressions et de sentiments diverses. Un plaisir infini, partagé par ma petite Tueuse. Sa peau bouillante contre la mienne, son parfum se déferlant dans mes poumons, attisant mon corps et mon âme, dévastant mes derniers scrupules.
Et comme une lueur, au loin, dans cette tempête de désir et de plaisir, la décharge finale de la jouissance mutuelle.
Dans cet élan d’énergie incontrôlé, je trouvais ma finalité, mon but ultime. Je trouvais mon salut et ma joie.
Une moment de Bonheur… pur.
Ce qui se passa après, tout le monde le sait. Buffy plus que les autres. Mon âme s’échappa de mon corps et je redevins le maudit Angelus. Et autour de moi recommencèrent à marcher la mort et la douleur. Je retrouvais la liberté de jouir et de faire mal, mon désir ardent de faire souffrir et torturer…
Et mes griffes marquèrent de nouveau les esprits. Je relliais le camp de Spike et de Drusilla qui furent – presque – heureux de me retrouver. Pour mon simple plaisir, je vins tourmenter la Tueuse, critiquant notre nuit, me gaussant de son inexpérience. Je pris le plus grand plaisir à la tourmenter et à faire souffrir son entourage.
Je commençais mon hécatomne par les animaux de compagnie de Willow, son aquarium de poisons rouges.
Puis j’allais plus loin. Beaucoup plus loin.
J’arrachai à la vie l’âme de Jenny Calendar, la compagne de Giles, mais aussi et surtout une descendante du clan Kalderash, les maudits gitans qui m’avaient affublé de cette malédiction.
Très peu de temps plus tard, je reçus la visite surprise de l’Observateur, qui avait visiblement la ferme intention de me réduire à néant. Le combat aurait pu être bref : après quelques quelques passes d’armes entre lui et moi, qui lui donnèrent un simili d’avantage sur moi, je repris le dessus. Mais Giles usa alors de l’arme incandescente qu’il possédait pour incendier l’usine, et Buffy arriva à temps pour l’en extraire, tandis que Spike, Dru et moi desertions les lieux.
Dans ma folie, je mis en place un projet d’apothéose de chaos pour la ville de Sunnydale : réveiller le démon Acathla et le laisser marcher sur la ville.
Et une fois de plus, Giles se trouva au centre de l’attention. Le rituel à accomplir était incomplet. Malgré plusieurs essais, sachant que j’étais la seule personne capable de réveiller l’entité, rien ne se produisait. Je dus donc récupérer l’Observateur encore une fois et aller chercher moi-même les informations, en usant du contenu de ma caisse à jouets. Mais le vieil homme ne cracha pas une seule information. Sa résistance physique et mentale me semblait au-delà de toute épreuve. Sauf peut être de celle de l’amour. Drusilla prit alors la relève et récupéra les informations dont nous avions besoin pour terminer ce rituel, en faisant miroiter l’image de Jenny devant ses yeux.
Par chance, Buffy fut là pour m’en empêcher. Dotée d’une épée que Kendra, revenue en ville, lui avait donnée, elle m’affronta en duel régulier pendant que Willow, depuis sa chamber d’hôpital, accomplissait le rituel de Restauration traduit par Jenny quelques minutes avant sa mort.
Piégé entre la porte des Enfers d’Acathla et Buffy, une lueur blanche éclaira soudainement mon regard. Le poids des siècles et des morts retomba lourdement sur mes épaules. En face de moi se trouvait ce visage familier…
Buffy.
Nous nous reconûmes en silence. Elle s’approcha de moi, comprenant qu’il était trop tard pour m’épargner.
Nos regards se mélêrent.
Ses lèvres touchèrent les miennes. Douces, salées des larmes qui perlaient sur ses joues.
- Fermes les yeux.
Sans réfléchir j’obéis.
Le sabre qui transperça mon coeur ne me causa pas assez de mal pour égaler celle que je renfermais en moi, tandis que je glissai vers les ténèbres, happée par les Enfers d’Acathla.
Les derniers souvenirs qui me restèrent de cette vie furent le visage de Buffy qui peinait à étirer un sourire d’adieu, et la sensation douce-amère de ses lèvres sur les miennes.
* * *
Le temps entre les dimensions diffère. Si le temps de vacances d’été s’était écoulé sur Terre, ce furent cent interminables années que je vécus au fond des Enfers d’Acathla.
Tourmenté, torturé, accablé par les fantômes qu’il retournait contre moi, par les souvenirs heureux que le démon souillait volontiers et déformait à sa guise, je me résolus à m’abandonner, vaincu par le Mal.
Mais au milieu des flammes, des cris et des Ténèbres, par-delà les rivières de sang, une voix caverneuse se mit à résonner, énonçant des mots dans une langue inconnue, vindicative.
Un tourbillon me happa, puis ce fut la chute.
Le corps couvert de cendres, absolument nu, je percutai soudainement un sol dur et glacé. Je mis plusieurs minutes à retrouver mes repères, puis je reconnus mon environnement, le sol de marbre, les chaînes…
J’étais revenue sur Terre. A l’endroit même où j’avais disparu.
J’ignorais combien de temps de plus tard, Buffy me retrouva dans mon manoir. Tapi dans l’ombre, je la laissais approcher avant de venir à sa rencontre, prêt à lui sauter à la gorge. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur moi, mon visage de prédateur disparut.
- Buffy ?
Et pour la première fois depuis cent ans, je perçus au fond de moi, un once de joie.
Mais celle-ci fut brève. Je préférais rester isolé. Personne ne viendrait au manoir, personne ne serait en danger si je restais ici, donc. J’avais fait trop de mal, les souvenirs étaient encore chauds dans ma mémoire. Je pouvais revoir les visages de mes victimes, de Jenny, de Giles, de Willow… Je ne pouvais plus avoir confiance…
Je n’y arrivais plus.
Ce fut encore une fois Buffy qui vint me voir, unique étoile dans mon Ciel noir de désespoir. Elle réussit à apprivoiser la Bête que j’étais. Le Monstre. Lentement, elle réussit à me faire retrouver un peu de la confiance que j’avais en moi avant. Elle apaisa le monstre, me libéra de la plupart de mes peurs et je pus finalement quitter ma tanière pour retrouver une once de vie, dans Sunnydale, m’informant des changements survenus, ici et là, aussi bien au niveau du monde occulte que dans le monde humain.
Mais les problèmes ne tardèrent pas à se montrer. Alex avait appris la vérité sur mon retour et envoyé une autre Tueuse faire le travail qu’il était trop faible et lâche de faire : m’éliminer. Faith Lehane, la Tueuse succédant à Kendra, pensa prendre un malin plaisir à me percer le coeur, mais Buffy l’en empêcha.
Notre Amour avait pâti des dernières péripéties et j’étais conscient d’être beaucoup trop dangereux pour rester auprès d’eux, près d’elle. Nous bâtimes alors une barrière infranchissable entre nous, nous imposant la limite de l’amitié.
Mais nous rôdions comme des fauves en cage, désireux de franchir la barrière. Et Spike n’arrangea rien de cette situation. Et rien de ce que nous pouvions faire ne pouvais nous convenir un tant soit peu.
A l’approche de Noël, je fus de nouveau happé par des souvenirs. Plus puissants, plus prestants qu’aucun autres. Je fus même en proie à des hallucinations, et ce fut là que je découvris qui avait ramené mon corps et mon âme des Enfers d’Acathla : la Force.
La situation devenait intenable. Je devais faire quelque chose, agir pour ne plus nuir. Définitivement. Et il n’y avait qu’une solution pour ça.
La Mort. La Mort venant de moi, pour moi.
Je m’enfuis dans les rues, talonnée par ma petite Tueuse que je ne voulais plus voir pour ne plus lui faire de mal. Je voulais en finir. A jamais. Rejoindre une fois pour toute les Enfers et y souffrir à jamais. Mais je ne plus porter le Mal avec moi…
La voix de Buffy était douloureuse, empreinte de douleur, elle refusait la décision que je prenais. Qu’importe.
Le ciel était couvert cette nuit-là.
Et au moment où j’allais frapper, un point blanc passa devant mes yeux.
Alors je suspendis mon geste, levais les yeux vers le ciel. La neige se mettait à tomber, d’abord discrete, déposant ses délicates étoiles de glace sur ma peau et sur le sol. Puis à plus gros flocons.
A ce moment en suspend dans le temps et l’espace, la magie de la neige estompa mes désirs de suicide, finissant par les emporter dans sa bise glacée.
Alors, Buffy s’approcha de moi. Toujours aussi merveilleuse. Elle me regarda un moment, puis me proposa sa main. Je la regardai quelques secondes, puis, dans le plus grand silence, mes doigts se glissèrent contre les siens. Et nous marchâmes, ensemble, dans les rues.
Admirant la neige qui étalait son manteau de glace sur la ville.
Comme le Destin l’avait decide, nous redevînmes ce que nous avions toujours été : un couple uni et fort, affrontant sans cesse l’adversité. Alors je lui confiai que mes sentiments pour elle duraient depuis plus longtemps qu’elle ne le pensait, que je l’avais déjà vu avant qu’elle ne vienne à Sunnydale, et que ce fut ce jour-là que mon coeur s’était remit à battre.
A l’approche de ses dix-huit printemps, je dus la soutenir dans de nouvelles épreuves. Celle, non-dévoilé, du Cruciamentum, qui tourna au drame… Les revelations de Giles qui lui fendirent le coeur, avant qu’elle n’apprenne quel amour lie l’Observateur à la Tueuse…
L’année scolaire fut plus que mouvementée, quand bien même je demeurais à l’écart, le plus discret possible. La haine des autres membres du groupe à mon égard était encore si vivace, je pouvais la sentir et ne souhaitais pas l’affronter…
A présent, Buffy attend son nouvel Observateur, comme Giles a été relevé de ses fonctions…
Dernière édition par Angel le Mar 24 Juin - 7:57, édité 1 fois
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Lun 23 Juin - 21:49
Bonjour, Bonsoir !
Voilà, j'ai ENFIN terminé ma fiche !!
Comme vous l'aurez remarqué, je suis un grand passionné et j'ai horreur de faire les choses à moitié ! Je serais très heureux de recueillir vos commentaires quels qu'ils soient ! Let's share !
Et j'attends avec impatience la validation par ma Petit Tueuse !
PS : maintenant si vous voulez bien m'excuser, je vais aller me reposer...
Buffy A. Summers
MESSAGES : 409 LOCALISATION : La Bouche de l'Enfer. FONCTION : Tueuse de vampire et étudiante à temps partiel.
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Lun 23 Juin - 22:34
Le premier membre officiellement validé (enfin presque -ci-dessous-) !
Tout d'abord je tiens à te féliciter pour les efforts incroyables que tu as fourni pour ta fiche qui est... avouons-le... IMMENSE ! Dire que je suis le fondateur de ce forum et pourtant ma fiche est carrément pathétique comparé à la tienne !
Bon... J'aurai dû marquer dans un fichier tout ce que qui ne collais pas depuis le tout début. Mais bon, comme nous nous parlons par MP le plus gros a sûrement été dit. Je vais donc me baser sur ta dernière partie, comme c'est celle qui est la plus floue pour toi. Une fois que les minuscules corrections seront faites, je te validerai pour de vrai (oui oui !) ! On pourra alors se rejoindre dans la nuit et... tuer des monstres !
=> Ce n'est pas dans une crypte qu'a lieu le rituel de résurrection du Maître. C'est dans une vieille usine ! => Angel n'arrive pas lors de la danse Buffy/Xander. Buffy et Angel se parlent dans la ruelle. Buffy le provoque, et lui demande entre-autre qui gagneraient s'ils se battaient ensemble (Angel n'y répond pas). Elle en rajoute d'autant plus en flirtant intentionnellement avec Xander devant Angel (et Willow). => La torture de Giles et la mort de Jenny n'ont rien à voir. Quand Jenny Calendar est tué, Giles va à l'usine de Spike/Drusilla/Angelus et se bat avec Angelus par le biais de... Disons que ça ressemble à une batte et que c'est en feu ! Giles lui donna quelques coups avant qu'Angelus prenne le dessus. Buffy arrive à temps, est à deux doigts de te tuer, mais elle sauve Giles de l'usine qui prend feu. => Angelus capture Giles 5 épisodes plus tard car il n'arrive pas à accomplir le rituel pour réveiller Acathla. Il veut donc lui faire cracher le morceau. Il parvient à ses fins uniquement lorsque Drusilla envoûte Giles qui la voit en tant que Jenny. Il révèle alors qu'Angelus doit avoir son propre sang sur ses mains.
Voilà pour ce qui me vient à l'esprit ! Encore toutes mes félicitations !
PS: Depuis quand un vampire dort la nuit ? Bonne nuit beau brun ténébreux !
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 24 Juin - 7:57
Corrections apportées selon tes indications, Buffy !
Buffy A. Summers
MESSAGES : 409 LOCALISATION : La Bouche de l'Enfer. FONCTION : Tueuse de vampire et étudiante à temps partiel.
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 24 Juin - 8:31
bienvenue à sunnydale
Waouh ! Tu peux être fier de toi, tu viens de passer avec succès l'étape la plus importante du forum ! Tu es désormais un membre officiel d'Helpless. Maintenant que ceci est fait, tu peux te rendre ici pour les demandes de liens. Merci d'aller rédiger tes chroniques qui nous servirons à savoir où tu en es avec ton personnage et pour connaître tes liens. Il s'agit d'ailleurs d'une étape obligatoire et qu'il faudra mettre à jour à chaque nouvelle grande intrigue. C'est par là. Oh Molo espèce de créature infâme ! Tu aimes relever les défis ? Eh bien, ça tombe à pic car il y a un lieu pour en avoir dans cette direction. Avant de se quitter tu peux te rendre là-dedans afin de comprendre le fonctionnement des points ainsi que du Magic Box. Si tu as besoin d'aide dans ton exploration de Sunnydale, les raccourcis se trouvent dans ce petit coin ! N'hésite pas à venir squatter le flood dans sa globalité pour faire davantage connaissance, exposer ton art ainsi que ta connaissance sur l'univers de Buffy contre les vampires ! Bon jeu !
concernant ton personnage
Merci beaucoup pour la modification ! Je ne vois plus rien à souligner, tout me paraît impeccable ! Je t'annonce donc la bienvenue parmi nous -façon de parler puisque tu es administrateur-. Tu peux enfin t’occuper de ta chronique mouahaha ! D'ailleurs, si tu veux un petit rappel de la saison 2, n'hésite pas à regarder ce trailer. Bienvenue officiellement ! On se retrouve bientôt dans le jeu !
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 24 Juin - 8:45
Youhou !!!!
Et au fait, tu peux remettre les vieux commentaires qu'on avait dégagé pour que je puisse poster mon histoire ! Si c'est encore faisaible...
Buffy A. Summers
MESSAGES : 409 LOCALISATION : La Bouche de l'Enfer. FONCTION : Tueuse de vampire et étudiante à temps partiel.
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 24 Juin - 9:10
Pas de soucis ! Tu veux ça pour la nostalgie des premiers jours ?
Buffy : Merci beaucoup de ton inscription pour la énième fois ! J'ai hâte de lire ta présentation. Angel est prévenu, on fera en fonction de sa réaction. Si c'est toi qui est validé en tant qu'Angel, je te renommerai tout simplement bah... devine ! "Angel"
Si tu as des questions n'hésite pas ! Je t'ai mise admin pour que tu visites la partie !
Angel : Encore une fois, de rien !
Depuis le temps que je cherchais un bon forum Buffy ! ^^
Merci aussi pour l' "admination" ! :)J'irai voir un coup, promis ! ;)Et si besoin, un MP ou un mail et vous me dites ce dont vous avez besoin !
Sur ce, je m'en vais m'imprégner du personnage et surtout... rédiger...
EDIT : Je suis en train de penser à une chose : Ringer, c'est bien la série où une jumelle se retrouve à vivre la vie de sa jumelle disparues, avec tout un tas de secrets tordus, c'est ça ?
Si c'est ça, alors oui je connais et j'ai adoré le peu que j'ai vu de cette série !
Buffy : Merci de la qualification de "bon" forum ! Pas de soucis, on reste en contact et je te répondrais dès que je verrais du neuf !
Pas de soucis, bon courage ! N'hésite pas à regarder la vidéo dans la page d'accueil, c'est un récapitulatif de la saison 3 (même si faut pas oublier que le RPG a lieu vers la moitié mais bon ). A bientôt Angelounet !
EDIT: Oui c'est bien cette série !
Angel
MESSAGES : 151 LOCALISATION : Sunnydale FONCTION : Aucune
Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?" Mar 24 Juin - 9:17
Nost-al-giiiiiiiiiiiiiiie !!! xD
Oui un peu, mais c'est surtout qu'ils ne restent pas à encombrer un coin du fo ou un de ton ordinateur !
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Sujet: Re: Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?"
Angel - "La passion nous entraîne, nous pousse, et finit par nous imposer sa loi et nous lui obéissons. Que pouvons-nous faire d'autre ?"